Les samedis, du côté de la Fonderie ou du BBC se suivent et, ma foi, revêtent depuis quelques temps un petit goût de “reviens-y” ! Après Senary (Chroma), place donc à Psybox et à No One Like Us avec la troisième édition de Portal.
Je retrouve un BBC que j’avoue avoir un peu délaissé ces derniers temps. La salle se prête toujours aussi bien à ce genre de format et, plongée dans le noir, elle “tisse” un cadre ideal pour une déco exclusivement en String art, cet art du fil tendu sur cadre. Le résultat : une caverne plus psychédélique que jamais avec ces motifs géométriques, kaléidoscopiques, dans la grammaire de l’art fractal. Il faut dire que, dans la grande famille “electro”, l’univers “psy” développe des codes immédiatement perceptibles, en écho lointain à la culture hallucinée et hallucinante du début des années 70, autant dire ma jeunesse !
Le line-up de la soirée est construit autour de la confrontation amicale entre deux djs ( B2B ) et, à 22h, ça commence de manière magistrale avec Ack versus (vs) AnØn. Les deux djs proposent un warm up sous forme d’un dialogue contradictoire : à l’un les virées mélodiques, à l’autre les envolées rythmiques mais on succombe avec délice. Dieu sait que cette musique n’est pas nécessairement ma tasse de thé, mais, toute la soirée, on comprendra vite que les djs auront à coeur de balancer leurs pistes les plus rares, comme autant de confessions musicales….
Au tour de Potzer de se confronter ( amicalement) à Tortue. Si le passage entre les deux est parfois gérée à la hache, comment ne pas apprécier l’énergie brute qu’ils déclenchent à coup de bangers ( ah Dutch Disorder et son Héroïne ) et soudain j’entends une simple phrase qui se glisse entre deux kicks : La vie est fantastique ! Traitée comme un simple motif rythmique, cette “voix” me donne pourtant le La de la soirée ( surtout après les inutiles polémiques autour de mon dernier papier) : oui la vie est fantastique surtout quand s’épanouit une nuit “smiley” efficace et cohérente musicalement.
Une heure, deux artistes, c’est donc la formule radicale choisie pour Portal III et ça fonctionne. Si, comme moi, on reste un peu étranger à cette esthétique ( à quoi bon égrener les appellations, psy trance, forest, hi-tech, dark psytrance, progressive….) le format B2B choisi ici m’a permis d’entrer de manière plus fine dans le catalogue des djs. Je ferme les yeux, après les vingt premières minutes de chaque set et je tente de savoir quel dj se retrouve derrière quelle track. Mine de rien, derrière l’apparente uniformité du style, j’entends clairement, lors de tous les duos, les personnalités qui, réellement, “discutent” musicalement entre elles.
Ce petit jeu de “qui joue quoi” fonctionne à plein avec Kromysis versus Jacob Palmer. Si leur causerie musicale reste amicale, le ring n’est pas loin et ça cogne “venère” entre eux, un peu comme les catcheurs qui font le show. La salle est pleine et le public, connaisseur, réagit à la moindre inflexion rythmique. Mine de rien, les soirées Portal et plus largement Psybox et No One Like Us attirent des oreilles expertes et donc exigeantes : une belle émulation entre nous et les artistes !
MØUN et Baya s’installent dans la même dynamique et je me laisse là encore prendre à leur jeu en goûtant la fraîcheur juvénile de leur échange. Si la cavalcade des kicks reste de mise, on glisse lentement vers des boucles mélodiques qui permettront ensuite à PolarX et à Codex de nous harponner définitivement avec leurs galops trance. Je n’avais pas entendu PolarX depuis un moment mais, comme les bons vins, il affirme plus que jamais sa maturité musicale, judicieusement aiguillonnée par les frappes de Codex.
Arrive alors, toute seule, ( hommage à la guest-reine de la soirée) Alice Reize. L’entrée en scène est un peu balbutiante ( ennuis techniques ou mauvais calages ?) mais très vite elle (en) impose sa fougue avec élégance. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même et elle n’hésite pas à ouvrir son set avec Volting, la seule track d’elle que je connaissais ( aha il fait “genre” spécialiste mais c’est pas vrai j’ai simplement fouillé un peu sur Deezer avant de venir). On entend très clairement, dans sa manière de gérer les kicks, les claques et les caresses sonores, qu’elle a une sacrée oreille musicale. Venir nous faire découvrir, à Caen, une étoile montante est un risque, un pari aussi mais avec Alice Reize le contrat est plus que rempli. La soirée va se clore avec trois derniers artistes ( Guet, Alcide et Dash – en closing solitaire) mais je déclare forfait ( pour plaire à certains esprits grincheux, il faudrait presque que je pointe mes heures d’arrivée et de départ aha).
Ma paresse, seule, explique ma trop longue absence aux soirées Psybox, mais cette piqûre de rappel me prouve, une fois encore, combien il est nécessaire de faire confiance aux vrais professionnels du secteur. L’alliance Psybox – No One Like Us me le confirme et quand des passionnés nous convient à leur fête, on sait qu’on va, forcément se régaler. Ce fut le cas, samedi soir, du côté de ce Portal III. Il me fallait bien ça pour ne pas céder à une déprime passagère ( gros smiley, gros cœur ou un merci encore plus sincère).