Je n’avais pas eu l’occasion de participer aux deux précédentes éditions de ce désormais rendez-vous estival de Mad Brains à la Demeurée. Placée à la fin du mois de juillet, au beau milieu des grandes vacances, ce dernier rendez-vous de la saison electro caennaise est toujours un pari ; si l’on ajoute à cela les caprices d’une météo normande on pouvait mieux comprendre le risque de cette entreprise. 

C’était sans compter sur les délicieuses tutelles divines qui semblent accompagner la Demeurée et continuer à faire de cet espace l’indispensable respiration festive et musicale dont notre ville à tant besoin.

Comme à chaque fois, je rencontre sur place de nouveaux “initiés” qui découvrent ce lieu et, sans fausse complaisance, j’entends toujours ce même enthousiasme pour l’évidente simplicité de sa proposition. En quelques années, la Demeurée, cette ferme proche de Caen, a réellement su occuper une place unique : entre un tiers-lieu ( sans la propagande “bobo” compatible) et la MJC (version Gaston Lagaffe), cette belle utopie en action nous prouve, au fil des années, qu’il est possible de poursuivre un rêve généreux tout en gardant les pieds sur (la) terre. Une petite ferme pour notre corps et notre esprit !

En fin d’après-midi, samedi, c’est dans la cour de la ferme que ça se passe. La musique s’entend de loin, et sur place, ça danse, ça joue, ça papote. Le public, nombreux, est un peu à l’image d’une grande réunion familiale. Pétanques, Molky, ping-pong et aux platines Ethereal Structure qui nous ambiance tout ça de mains de maître. Il faut dire que le collectif Mad Brains a fait de ce rendez-vous estival sa grande fête de fin d’année, histoire de faire entendre une dernière fois les voix multiples de ce collectif avant de partir en vacances.

Le soleil, timide,  est là, la bière (locale) est fraîche tout comme ce wrap que je goûte avec plaisir. Les besoins primitifs comblés, je pars rejoindre la piste de verdure, appelé par la douce trépidation des danseurs. Tout est simple, sans-façon, comme disait autrefois la  maîtresse de maison qui voulait mettre les invité(e)s à l’aise. Et c’est bien cet esprit là qui domine. Quiconque a organisé de petites ou de grandes fêtes sait bien que ce lâcher prise ne se décrète pas, et que c’est une alchimie subtile qui permet de l’installer.

Vers 21h, il est temps de préserver les oreilles du voisinage, et dans un ballet toujours aussi parfaitement réglé, musique et buvette se retrouvent à l’intérieur, en deux temps et trois mouvements. Mad Brains, connu pour son ascétisme visuel, aura opté, ce soir, pour une radicalité audacieuse et c’est dans une salle remplie de fumée que je pénètre. La machine à fumée tourne depuis des heures et seul le néon-logo du collectif permet de distinguer un peu le premier artiste de la soirée, Ekzon, qui donne le “la” avec une techno qui semble s’évader par magie de la brume. La salle se remplit lentement tandis que les lampions de couleur, dans la cour, donnent au lieu l’indispensable touche “guinguette”. Tout est fluide, on passe de la fraîcheur de la nuit qui tombe à la moiteur opaque de la salle en un clin d’œil ; esprit nordique et mental d’un côté, insouciance bucolique de l’autre. 

Une heure de passage par artiste, un format rigoureux qui n’est pas si simple que cela et qui oblige le DJ à aller droit au but et c’est ce que fera à son tour TIB’Z avec un set durant lequel explosera, en plein milieu, Natives de Developer, une piste à la solide construction techno mais dont les envolées mélodiques apportent comme une délicate ondée de fraîcheur, un moment de grâce indiscutable. 

C’est au tour du petit nouveau de la bande Mad Brains d’entrer en scène : Angseth.  Après un set durant la fête de la musique, il s’agissait pour lui de la première apparition officielle dans sa nouvelle écurie de talents et c’est autour d’un set en partie construit autour de VNTM ( si vous ne connaissez pas, vous savez ce qu’il vous reste à faire )  qu’il installe et impose son style. La salle en redemande encore et encore et c’est … l’étuve ! Les corps transpirent, exultent de joie et c’est tout naturellement qu’ Ethereal Structure et Weiser reprennent un flambeau pour nourrir une flamme qui ne demande qu’à tout brûler.

En fin de soirée, Fred H et Didier Allyne remettent un peu d’ordre dans cette bacchanale frénétique au point même de se demander s’il n’aurait pas mieux valu démarrer avec ces deux compères pour équilibrer la montée naturelle du plaisir musical. Il en va des line-up comme des goûts et des couleurs : on n’en discute pas. La soirée (après-midi) touche à sa fin, il est temps de se glisser dans la torpeur de l’été en espérant que la météo trouvera la même recette pour assurer une programmation aussi torride qu’indiscutable.

One Reply to “Dans la brume estivale de M.A.D Brains….”

  1. Merci pour le partage 🤩 Les aléas des transports ferroviaires ont eu raison de mon emploi du temps. 😕 Mais je suis revenu du Cosmo Jazz festival avec les boucles trépidantes de Soulist et Fulgeance dans la tête. 😎

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