Hier soir ( le 14 mars) SPRNS donnait le coup d’envoi de son nouveau projet Call me bass soit deux soirées entièrement consacrées autour de la “bass music”… de la quoi ? La bass music ! C’est évidemment dans l’ésotérisme de ces appellations que même les initiés ( moi en premier) font semblant de connaître que réside toute la sincérité et l’originalité de la démarche de SPRNS.

Depuis 2017, cette jeune dj caennaise poursuit son petit bonhomme de chemin en entraînant derrière elle un public de plus en plus conquis par sa douce folie qu’elle canalise ( ou pas) selon ses humeurs. Avec ses deux soirées Call me bass ( les 14 et 21 mars au Trappist), elle entend bien convertir un plus large public à cette bass music que les initiés, toujours eux, déclinent ensuite dans des sous-genres ( drum and bass, dubstep, uk garage, j’en passe et certainement des meilleurs…). 

En parfaite musicienne, plutôt qu’un long discours, SPRNS préfère organiser un événement, à son image, généreux et amical à la fois. Vendredi soir, pour cette première salve, c’est en toute modestie qu’elle ouvre le bal, vers 20h, à une heure où l’afterwork touche à sa fin mais où l’appel des lignes de basse peut encore sembler effrayant. En parfaite maîtresse de cérémonie, elle a attiré derrière elle une petite équipe qui, du vjing à la décoration, se charge de donner à l’arrière scène du bar une ambiance inédite, comme ces petits éclairs en carton métallisé qui nous emportent dans un Olympe de théâtre. 

SPRNS donc et sa connaissance intime et presque sensuelle de cette musique, cette bass music qui “agresse” si voluptueusement notre oreille avec l’instabilité voulue et nécessaire de sa syncope, quand l’auditeur est troublé par le déplacement de l’accord attendu. Comme c’est difficile de parler de la musique ! C’est pourtant dans ce conflit avec la mesure ( deux temps, quatre temps on s’en moque) que réside le sel de cette bass music qui cherche si habilement la “bagarre” avec l’harmonie classique. SPRNS a le sens de cette musique au bout des doigts et il faut la voir derrière ses platines vibrer en totale unisson avec des rythmes qui, pour moi, sont si difficiles à intégrer corporellement, déjà que je ne suis pas un boss de la danse alors sur des “breaks” aussi abrupts que parfoi imprévisibles, comment commencer une chorégraphie dont je n’aurais pas à rougir ? 

Dans une logique de partage et de relais à saluer, elle passe la main, vers 22H à une énigmatique nouvelle DJ, DJ Folgasse. Je reconnais aussitôt en elle une des figures incontournables de mes nuits caennaises et une bouffée de sympathie me saisit, tant j’imagine la frayeur et l’angoisse de celle qui, comme moi, tente de vivre “sa” musique non plus sur le dance floor mais derrière les platines. Un peu comme le Cid qui, pour “des coups d’essai veulent des coups de maître”, DJ Folgasse cherche immédiatement à  nous emporter dans sa construction mentale à travers de longues plages purement rythmiques mais qui, dans un ajustement parfois à l’arrache, n’en témoignent pas moins d’une solide et incontestable connaissance de cette musique. Le soutien technique ( et délicat) de Vertuoze, Greeds et SPRNS permettra à DJ Folgasse de franchir tête haute ce rituel de passage ! Vendredi prochain, SPRNS remet le couvert avec cette fois Dash  et Pantone 448C. Espérons que cette belle entreprise de “communication” musicale ne s’arrêtera pas là, il y a tant de pépites qui se bousculent dans la tête de SPRNS !

Retour gagnant au Portobello.

Il y a quelques mois maintenant, Vince Vega et Fred H avaient mis le feu au Portobello, et pour certains ils s’agissait même d’une des plus belles soirées de l’année et moi, pauvre idiot, je n’y étais pas !

Je ne pouvais donc manquer cette récidive, avec, dans la tête, la crainte de ne pas retrouver ce miracle, un peu comme la saison 2 d’une série louée par toute la presse. 

Comme toujours vers 22H30, le Portobello est presque vide mais pas de quoi effrayer Vince Vega ! Sa musique est à l’image du personnage : souriante, accueillante et inspirée. En apôtre éternel de la house, il mélange l’entêtante rondeur de ses kicks avec un parfait dosage entre nostalgie et modernité. Assister à un set de Vince Vega c’est comme dîner dans un trois étoiles mais sans le “chichi” du baise-main ou des couverts qu’on ne saurait pas utiliser à bon escient. Avec tact, prudence et rigueur, il nous fait habilement entrer dans un univers de plus en plus complexe et riche en sonorités inédites sans jamais nous perdre, avec la modestie rassurante de celui qui sait mais qui n’impose pas. Une petite heure après c’est Fred H qui, en mode vinyl, nous rappelle une fois encore qu’il n’est pas le “boss” local pour rien ! Sa science du mix me cloue une nouvelle fois sur place et le contraste presque inquiétant entre sa présence physique, plus sérieuse et pince-sans-rire que jamais, et la sensualité langoureuse de sa musique fera mouche une fois encore. La salle, enfin remplie, hurle de joie et Vince Vega emballera le tout quand il laissera sonner ce Lose control de Dino Lenny que je prends, sans modestie aucune, pour un cadeau personnel.

Bass music, House music, musique tout court, il y avait là, ce soir de quoi ravir tous les publics, de quoi en conquérir pour la suite et qui sait, de quoi relancer une scène locale qui plus que jamais à besoin de lieux pour s’exprimer, se développer et vivre. Si la musique que je défends à travers ces billets est aussi une musique de fête, il ne faut pas oublier que ces musiques sont aussi l’objet d’enjeux politiques essentiels ( les récents événements de Rennes nous le rappellent). Alors, fêtards et fêtardes, on se mobilise autour de véritables artistes qu’on apprend à écouter et on n’oublie pas que dans un an, pile, on vote aux…municipales !

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