Après une soirée Mad Brains à l’Orient express durant laquelle le collectif aura essuyé beaucoup (trop) de plâtres, le dernier arrivé chez Mad Brains, Angseth, avait table ouverte au Portobello, samedi soir. Table ouverte pas complètement puisqu’en début de soirée se déroulait Rock in hearts, tremplin 2025, un début de soirée consacré à la découverte du groupe de rock qui sera programmé au prochain festival …Rock in hearts.

Vers 23h, l’esprit rock flotte encore un peu dans le lieu, l’occasion de constater si Angseth sera capable de retenir, ou mieux encore, de convaincre une petite communauté rock souvent méfiante face aux musiques électroniques. Petite balance technique, Check lumière et c’est parti pour le show. Deux artistes donc pour un peu plus de trois heures de musique, le format idéal entrer dans l’univers d’un dj. 

Pour l’occasion Angseth avait choisi de se « confronter » à Matti, une figure discrète mais assurément très prometteuse de la scène caennaise. Angseth, avec plus de dix années de pratique nous avait convaincu avec ses sonorités mentales et Groovy à la fois, Matti, lui, avait retourné la fonderie l’année dernière à travers une subtile alchimie hard tech teintée de subtiles effluves mélodiques. Ces deux-là n’allaient pas manquer de se « renifler » pour affirmer, ou challenger leur statut singulier sur la scène caennaise. Mine de rien, on sentait que la pression était forte, tant cette soirée apparaissait comme l’acte de naissance d’une nouvelle génération musicale et son indispensable « déclaration de politique générale ». 

Dans le brouhaha mainstream de la scène electro caennaise, il s’agit de repérer la où les personnalités locales susceptibles, au-delà de la maîtrise d’une genre et d’une technique, d’imposer une parole singulière et mieux encore, d’incarner la promesse d’un horizon sonore dégagé de la lourdeur monochrome et monotone du kick, drop kick à plus de 125 bpm. Pour le dire de manière encore plus simpliste, on attend impatiemment le ( ou la ) dj qui arrêterait enfin de nourrir notre besoin de boom boom pour nous servir autre choses que les tunnels prévisibles. Autant le dire tout de suite, la soirée n’aura pas tranché la question mais elle aura eu l’incontestable mérite de remettre enfin la musique au centre des débats et de proposer des pistes, fortes, de renouveau.

À Angseth, qui débutait hier soir, le mérite de sortir un peu de sa grammaire habituelle pour évoluer vers une franche et assumée efficacité dancefloor. Son set n’était pas sans évoquer les inspirations ethniques d’un Mac Declos qui, il y a deux ans, avait constitué le temps fort de NDK. Sans le copier, mais avec la même aisance rythmique, il glissait, ça et là, des évocations de battucada brésilienne qui dessinaient l’arrière-plan d’un tableau musical riche en couleurs et en variations mélodiques. Les « rockeux » médusés au départ, semblent très vite gagnés par une frénétique danse de saint-Guy, et les amateurs se pourlèchent les oreilles, enthousiasmés par ce bain de jouvence. Les paysages sonores se suivent, dialoguent entre eux. Juste le temps de descendre un peu du véhicule-kick pour explorer qu’on repart ailleurs.

Avec Matti, l’approche sera différente mais au final, aussi persuasive. Il saisit au vol l’ambiance tonique d’Angseth mais quitte assez vite la terre ferme pour nous embarquer sur un océan aussi vaste que parfois tourmenté. Le confort des longues nappes, de ces textures sonores paresseusement cajolées par des techniciens de la musique est battu en brèche et lentement  s’installe l’évidence d’une personnalité aussi fougueuse que parfois rageuse. 

Après ces deux sets investis artistiquement et aux enjeux qu’on pouvait ressentir presque électriquement sur scène, vient le dernier temps, celui de la recréation d’un B2B. La pression est relâchée, et les deux djs dialoguent, non sans certaines approximations dans les passages de tracks mais l’heure n’est plus à la virtuosité mais à une dernière folie accueillie avec hurlements par un public en plein ravissement et c’est sous les dernières notes de Singularity de Jon Hopkins ( remix Anna) que va se finir cette soirée, je ne pouvais pas espérer mieux !

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