Julien Gaumont (Les Vagues Electro) présente son festival.

Mine de rien, en cette rentrée 2025, on assiste à quelques petits bouleversements qui risquent de redistribuer les cartes de la scène electro (bas) normande. Hier, j’apprenais la création, le 10 janvier prochain, d’une version hivernale de l’Eskape festival.  Dj Maissouille et sa bande attaque frontalement et sur son propre terrain le Skoll, en reprenant jusqu’au terme même de Winter festival : une guerre “hard” en perspective….

Sur un terrain bien plus diplomatique Julien Gaumont ( aka Ckurt et fondateur des Vagues Electro) se lance dans un projet conséquent avec Electr’Open 2025. Une première édition donc pour un projet qui, de l’aveu même de son créateur, est destiné à s’installer dans le temps. 

À l’initiative d’Electr’open, les Vagues Electro donc, un collectif créé en 2019 et qui, depuis, lance chaque été une tournée sur les plages normandes tout en développant des temps forts autour des musiques électroniques au long de l’année ( Electro Fort). L’activisme militant de Julien Gaumont s’attaque, en cette rentrée 2025, à donner au petit monde de l’electro local une visibilité nouvelle, histoire de montrer les forces ( et les faiblesses ?) de cette scène locale si riche en artistes mais incapable, pour l’instant, de s’ériger en “phare” régional ou national.

Le 13 septembre, le château de Maltot ( près de Caen) et le centre de formation (MFR) qu’il héberge accueilleront la fine fleur des djs locaux dans une volonté fédératrice affichée et revendiquée. Pensé comme une véritable carte de visite de la scène electro caennaise, l’Electr’open festival annonce la présence active de 13 collectifs, autant dire l’intégralité des forces musicales du  terrain. Pour un peu, on dirait presque un manifeste politique mais Julien Gaumont se garde bien de toute récupération, en insistant avant tout sur la dimension artistique du festival.

Pour recevoir ce “petit” monde, il faudra bien trois scènes et près de 24 heures de musique. De 12 à 22h, le 13 septembre, c’est à l’extérieur que ça se passe avec deux scènes en plein air ( Castle Stage et House Stage) puis, à partir de 23 heures et jusqu’au lendemain 10h, à l’intérieur, une scène Warehouse. Après trois Electro Fort au château de Creully, les Vagues Electro persistent dans l’occupation amicale de nos enceintes historiques et c’est à la demande même de la MFR que répond cette nouvelle initiative.

Comme dans toutes les familles, il y aura  les “anciens” : Mad brains, Oiz, Les villageois, No One like Us et derrière eux des collectifs installés ou récents : Psybox, collectif Culotté, Swump, My Music Family (MMF), Pandora Sun system, Fantasii, Mirage et Hyperdrive…. Il ne manque que Senary, bien occupé par Chroma le même jour mais solidaire du projet. 

Avec un tel foisonnement, inutile de dire que les principales facettes des musiques électroniques seront présentes, de quoi ravir les oreilles des amateurs de house, les aficionados de la techno ou les “guerriers” de la scène hard. On peut rester dubitatif devant un tel oecuménisme artistique mais il faut faire confiance aux organisateurs pour gérer un line-up cohérent, à même de gérer harmonieusement les passages de genre et de style. Au-delà de la belle photo de famille, il faut espérer que cette initiative préfigure une prise de conscience collective de la nécessité d’organiser une “parole” unie. 

Lors de mon entretien avec Julien Gaumont, ce dernier ne cesse de revendiquer un message d’indépendance à la fois financière et institutionnelle. Le soutien technique de la ville de Maltot et de la MFR vient compléter un financement assuré exclusivement par les fonds propres de l’association les Plages Electro qui gère … les Vagues Electro. Pour Gaumont, ce montage financier est le gage indispensable d’une indépendance artistique et un moyen, subtil et délicat, de dire aux régisseurs culturels régionaux : on peut ( on doit ?) faire sans vous !  

“Avec Electr’Open, nous voulons créer un événement qui reflète la diversité et la vitalité de

la scène électro caennaise, tout en la rendant accessible au plus grand nombre”, explique

Julien Gaumont, directeur du festival dans son dossier de presse. Sans être nécessairement polémique, on ne peut que regretter ou constater qu’une telle démarche ne fasse pas l’objet d’une priorité chez des acteurs culturels missionnés pour cela. Le temps d’une première édition, on pourra donc juger sur “pièce” l’existence d’une scène electro caennaise et rien que pour cet objectif  la démarche est à saluer et à soutenir.  Pour qui connaît un peu les coulisses de cette “scène” locale, on sait bien que, comme dans toute famille, la situation réelle est complexe, fragmentée et parfois tendue. En devenant en quelque sorte le “héraut” de cette scène, les Vagues Electro occupent, de fait, un créneau stratégique, entre manifeste artistique et vitrine …

On le sait, le “clubber” caennais rechigne très souvent à sortir du centre-ville, par confort et par sécurité ( ah la fête et ses évasions chimico-éthyliques…). Electr’open semble avoir tout prévu avec des navettes depuis Caen toutes les 45 minutes à 6 euros et, sur place, les spectateurs retrouveront les prestations dignes d’un événement de cette ampleur : buvette, animations, parking, food trucks : de quoi assurer donc ! 

Une nouvelle visibilité pour la scène Electro locale qui en a tant besoin. Ce n’est qu’avec des événements ambitieux que cette dernière parviendra à faire sortir de son vivier des artistes pour leur donner une audience plus large. Face à cette question de la reconnaissance, Julien gaumont botte un peu en touche, en précisant qu’à ses yeux un artiste, aujourd’hui, créait principalement sa notoriété sur les réseaux. Mais, au-delà des risques même de formatage inhérent à cette pratique, il reste à trouver, créer ou accompagner des lieux prescripteurs et propres à “labelliser” auprès des amateurs actifs des artistes qui ne sont pas que des artistes de chambre ou de studio. La raison d’être initiale de la plupart des musiques dites électroniques résulte avant tout d’un dialogue entre les djs et le public,  c’est une musique vivante, live, qui ne peut s’épanouir que dans des cadres qui lui sont destinés. À sa façon, Electr’open pose une première pierre dans ce nécessaire combat de légitimation et de reconnaissance. Aux acteurs locaux, présents à Maltot ( ou pas), au public d’accompagner cette dynamique pour rappeler que cette musique est une des expressions culturelles majeures de notre époque. 

https://www.helloasso.com/associations/les-plages-electro/evenements/electr-open-festival-2025

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