La météo exceptionnelle de ce 6 septembre n’explique pas, à elle seule, l’énorme succès de cette 4ème guinguette électro. Le « spot » est désormais installé et il faut dire que cette petite clairière qui se dévoile après un rapide parcours dans le bois du Biez de Mondeville se révèle idéale pour la manifestation parfaitement organisée par le collectif Senary : une scène pour fermer l’espace et autour, en fer à cheval, deux bars et des stands divers. En face de la scène, après le dancefloor, un espace-Chill richement pourvu en transats. Mais il ne faut pas passer sous silence la créature qui nous accueille. Conçue par Marc Hariau, une étrange statue sur son pilotis sert d’inévitable point de rencontre et on sent bien qu’elle est en passe de devenir le symbole même de cette guinguette tant elle sera « shootée » toute la nuit, soigneusement mise en valeur par un éclairage soulignant sa pureté métallique. 

L’expertise d’AudioTech s’entend clairement et la manifestation ( pourtant gratuite) s’installe dans un « son » parfaitement projeté et équilibré qui se fera entendre bien au-delà des limites du bois. 

Vers 15h30, HCo semble réveiller délicatement une princesse endormie par de tendres bisous musicaux. La foule n’est pas encore là mais les bénévoles sont tous à leurs postes. Des parents passent de l’aire de jeux à la piste de danse, des curieux, des promeneurs (du samedi), avec ou sans chien, se laissent surprendre par le discours musclé mais contenu de HCo et on sent bien que ça va prendre, que ce pari un peu fou au départ, celui de bousculer un peu la torpeur de la rentrée avec des sons de « djeunes », de créer une guinguette 2.0 tout simplement, est un pari gagnant !

Vers 21h, de retour sur le site, l’ambiance est celle d’un festival qui tourne à plein régime. Arrivé trop tard pour Seax, j’écoute d’une oreille concentrée les notes parfois un peu trop « underground » de Vitaline tout en faisant la queue au cashless. La lune, presque pleine, et cette très douce température de fin d’été donnent à la soirée cette impression rare d’un dernier cadeau. Vitaline, l’artiste invitée, se laisse emporter par des audaces breakées un peu artificielles parfois mais elle parvient à maintenir le feu sacré d’un dancefloor qui, avec l’apparition de Lamy et de sa parfois très sucrée sélection, semble se confondre avec les plages d’Ibiza. Les teufeurs … teufent, les clubbers… clubbent, les fashion-addicts d’Instagram s’immortalisent à coup de selfies, des parents font la chenille avec des gosses qui rient aux éclats, et quelques cheveux gris se déhanchent comme à leur première boum ! Toute cette foule, heureuse et comme libérée par la musique, fait plaisir à voir. Au même titre que les cures thermales,  la guinguette électro devrait être sur toutes les prescriptions « bien-être » !

Rançon du succès incroyable, un premier bar, vers 22h, ferme et le second ne tardera pas à faire de même. Ce petit et pardonnable faux pas ne parviendra pas à aigrir l’ambiance générale ce qui, en soit, est une claque à ces mauvais esprits rances qui ne voient, derrière « nos » musiques, que des prétextes à la débauche. Après les aguichantes  tentations EDM de Lamy, Marcorel reprend définitivement la main avec sa science de plus en plus aiguisée, permettant ainsi au public de repartir avec, dans les oreilles, un nuancier musical plein de charme.

Dans un monde idéal, une telle guinguette nous serait offerte chaque semaine de notre trop court été. Dans la banalité de notre quotidien, on ne peut que remercier chaudement Senary de nous offrir un tel moment d’évasion poétique et musical et si le reste de la saison est à l’image de ce formidable prologue, on n’en oubliera pas pour autant la fraîcheur initiale et généreuse de cette guinguette, désormais indispensable ou mieux encore…vitale.

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