Un teasing en “lumières” pour un millénaire…
La ville de Caen vient officiellement de lancer le compte à rebours de son millénaire ! Nous sommes à 1000 jours de cet événement ( dixit les éléments de communication de la Mairie) et pour nous faire patienter, rien de mieux qu’un …ciel chargé d’aurores boréales.
Jusqu’à samedi, l’enceinte du château, à la nuit tombée ( ce détail a de l’importance, inutile de vous y rendre à 21H30, comme l’indique pourtant le tract, les aurores ne se dévoilant que vers 22H30) devient la scène d’un phénomène aussi artificiel que magique.
BOREALIS donc, puisque c’est sous ce nom que l’artiste Dan Acher fait tourner dans le “monde entier” (sic le tract) son œuvre immersive. Pour des raisons techniques ( je suppose) et peut-être pour ne pas effrayer les oiseaux, Borealis n’est visible que depuis l’intérieur du château. Vers 21H30, un public, déjà assez nombreux, attend sagement autour du parking du château. Quelques transats, et des enfants qui jouent et dansent… Trois tours, vers le fond du parking, envoient, vers 22H15 des rayons laser qui, pour l’instant, se brisent sur les frondaisons des arbres. L’effet “wouah” débute réellement quand des tubes, disséminés autour du parking, laissent échapper une fumée qui, lentement, va flotter au-dessus de nous et former un “couvercle-écran”, créant ainsi l’illusion des aurores boréales. Selon les caprices du vent, les faisceaux lumineux, écrasés et étirés, rencontrent la fumée et débute alors un ballet lumineux. Passées les premières minutes de ravissement, le public ose rompre le cercle respectueux et rejoint le centre du parking pour se retrouver sous un dôme de lumière verte, bleue ou rouge. Le spectacle est alors aussi bien dans les airs que sur terre, avec cette foule qui se teinte d’une iridescente clarté, comme des feux follets d’où éclatent les flashs des téléphones. Dans les airs, à quelques mètres au-dessous de nos têtes, presque à portée de main, des aurores (un peu kitsch tout de même quand le rouge Ibiza-discothèque domine) filent, défilent dans les belles figures chorégraphiques que dicte le vent. Pour “enrober” ce moment, on flotte musicalement dans une sorte de berceuse synthétique et éthérée de bon aloi, genre “bonne nuit les petits” en appli Iphone…
Le charme opère, même si on fait assez vite du “sur place” émotionnel. Il y a quelque chose d’enfantin ( ou de libertaire) à se côtoyer ainsi, sans masque, là où, quelques mois avant, on risquait tous les 135 euros d’amende ! Un moment féérique (un peu “guimauve”) dont il ne faut pas rougir, et même s’il est peu gâché par la sortie laborieuse du château ( prévoir quelques longues minutes de piétinements devant les deux seules sorties) on reste sous le charme de ce moment de pure gratuité.
1000 jours avant le millénaire, qu’on se le dise ! Cette mise en bouche festive, avec son vénéneux charme facile et efficace à la fois laisse la porte ouverte à tous les espoirs, ou à toutes les craintes. Dans 1000 jours, Caen saura-t-elle produire et présenter ses propres créations ou se contentera-t-elle de recycler des recettes (suisses ) à la primeur (un peu ) faisandée ? La réponse…dans 1000 jours ( et 1000 nuits !).