Lisieux, si loin, si proche… même remarque à chaque fois qu’il s’agit de se rendre à Lisieux, ce qui n’est pas le moindre des défis pour des organisateurs d’événements lexoviens qui souhaitent faire venir à eux les ami(e)s caennais. Si la ville de sainte Thérèse s’anime parfois de sonorités electro ( Festival Perséides l’année dernière et bientôt une grosse et ambitieuse proposition Dysprosium), ce n’est jamais une mince affaire que de mobiliser le public dans la reposante sous-préfecture.

Pour sa deuxième édition, Fearless party investit à nouveau le site de Glos Angeles, à quelques petits kilomètres de la basilique. Sage précaution, cette année un agréable barnum accueille les platines et permettra de danser à l’abri d’une pluie qui pointera le bout de son nez humide vers 19h30 !

Arrivé vers 15h, je peux profiter des toutes dernières minutes d’Other, la version singulière et Ambient du duo Bruderschaaft. Le soleil semble apprécier grandement les nappes mélancoliques du dj et le sourire radieux des bénévoles de Blouses roses donnent à la manifestation une touche caritative délicate et sans ostentation. Derrière le barnum un immense toboggan gonflable ravit à juste titre les enfants ( et quelques djs dont je tairai les noms) et dans une configuration à taille humaine on retrouve toutes les prestations d’un festival de qualité, sans oublier le stand « tatouage » qui, avec la pluie, ne va pas cesser de …piquer.

Chaotik Ramses ( Chris Honorat) saisit le flambeau musical allumé par Other et détourne lentement l’atmosphère Ambient en distillant avec soin des volutes mélodiques de plus en plus détaillées. La douce torpeur méridienne se réveille sous des kicks de plus en plus langoureux et pendant ce temps-là, un jeune dj ( ne riez pas) a l’estomac qui se noue tant il sait qu’il va passer juste après. 

Il y a deux ans, pour la première Fearless party, je venais en spectateur et voilà que je me retrouve sur l’affiche. Puis-je être juge et partie à la fois et commenter avec toute la sincérité nécessaire cette première « prestation » officielle ? Les transitions entre les tracks relèvent encore d’un amateurisme de bon aloi et le subtil travail de décomposition du dj n’est pas à l’ordre du jour, l’essentiel était plutôt dans cette envie de partager quelques passions musicales et quel « pied » que d’entendre en situation de festival ces musiques écoutées en boucles obsessionnelles chez soi. Si la comparaison n’était pas aussi médiocre j’oserai presque parler du combat déloyal entre ce bon vieil onanisme ( ça fait plus chic que masturbation) et le choc d’une intense séance érotique. Une belle drogue, inoffensive mais qui rend « addict » instantanément !

Angseth, ami et complice, reprend la main et développe son discours musical qui vient clore une petite séquence house-gospel qui devait rendre croyant le plus infidèle des mécréants. Dans un B2B survolté avec Vince Vega voilà que la zone industrielle de Glos se pare des plus belles couleurs estivales, de quoi réveiller des envies torrides chez la plus timide des Carmélites et c’est littéralement sous un tapis de bombes house que le duo laisse éclater sa folie contagieuse. Les Havrais Rollento et Nectaar saisissent  avec une efficacité redoutable l’esprit de la dernière track d’Angseth et se lancent ensuite dans une douce et langoureuse caresse “minimale” hélas perturbée par une vilaine pluie qui, à l’image d’une fée Carabosse, s’invite à la fête. Si, contrairement à la première édition, la température reste clémente, cette pluie incessante viendra tout de même porter un coup au moral ( et à la fréquentation) mais par la grâce amicale et artistique du programmateur ( R’1, pilier de la Solar Family et à présent de Mad Brains) le line-up toujours un peu rigide se transforme une une sorte de « bœuf » permanent entre les derniers artistes de la soirée. Un des deux protagonistes du projet Comètes ouvre alors une nouvelle séquence avec une inédite composition du groupe et c’est un peu l’esprit du final des JO qui se répand. On aime ou on n’aime pas ces sonorités très «  du haut de ces pyramides Jean-Michel Jarre vous contemple », c’est tricoté de mains expertes et l’efficacité « dansante » est indiscutable. En tenancier d’une ( très) bonne maison, R’1 vient poser quelques disques-pépites dont il a le secret et ce qui aurait pu être un gentil foutoir se transforme vite en un sensible dialogue entre deux générations d’artistes ( lexoviens!).

Pour finir la soirée, The Ferryman nous propose alors sa lecture survitaminée d’un closing et si le bpm est un peu violent pour moi, je ne peux que m’incliner devant l’expertise indiscutable de ses choix et plus encore devant cette délicate et difficile science du mix sur platine vinyle. C’était incontestablement la prise de risque musicale de la soirée et le succès, à l’arrivée, aura permis de faire superbement la nique à cette météo de M…

Les lexoviens sont-ils seulement conscients de la chance qu’ils ont d’avoir un lieu tel que ce Glos Angeles ? À l’abri de la ville et donc sans risque de nuisance, c’est véritablement un espace de ce type qui nous manque cruellement à Caen.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *