En attendant la nuit qui vient …
À l’heure où certains se demandent encore ce qui nous réunit, nous autres Français, il suffit de se promener un instant dans une ville de province, Caen, au hasard, pour s’apercevoir qu’un peuple entier est dans l’attente de la parole d’un seul homme. Certes, derrière les paroles que prononcera le Président, à 20h, on sait qu’il y a toute une chaîne de conseillers, de spécialistes, de scientifiques, et que, en bon Roi laïque d’une République qui a tant de mal à s’assumer comme telle, il ne fera qu’anticiper, ou reprendre des décisions qui couvent dans toute l’Europe, pour ne parler que des pays qui nous sont proches.
Dans ce grotesque compte à rebours qui nous sépare de l’annonce d’un nouveau confinement, je n’arrive même plus à penser au monde d’avant, à cette si proche et si lointaine époque où je trouvais que mes nuits étaient plus belles que mes jours….pour reprendre les belles paroles de Racine.
Me reviennent alors ces vers d’Aragon, comme le boomerang de cette étrange nostalgie :
On veille, on pense à tout à rien
On écrit des vers, de la prose
On doit trafiquer quelque chose
En attendant le jour qui vient …
L’on pleure et l’on rit comme on peut
Dans cet univers de tisane…
Un univers de tisane, voilà donc l’avenir qui nous attend ? Une tisane et au lit ? Ce qui avait débuté comme un coup de semonce se transforme, lentement, en une dégradante fatalité et « putain, mon masque ! » devient le refrain quotidien d’une médiocre rengaine.
Des raisons d’espérer…
Bien sûr, les récentes déclarations de Laurent Garnier ont fait le tour de mes ami(e)s « electro », il y aurait pourtant fort à dire sur cette très tardive entrée dans l’arène politique de notre chevalier ( légion d’honneur, rien que ça !). Mais l’heure n’est déjà plus à opposer le monde de la nuit au monde de la culture officielle puisqu’il s’agit maintenant de supporter les « survivants »….Alors pour continuer à défendre, coûte que coûte, celles et ceux qui continuent à tenter d’enchanter nos nuits, nos oreilles, je ne peux que dévoiler ici le plaisir de découvrir la nouvelle proposition d’Angseth qui, sous son nouvel avatar Anzen nous livre un petit bijou musical, simple, modeste, mais si réconfortant, en cette année Covid. https://open.spotify.com/track/1iXQhwevaKpKPEeBd7ZMvX
Il me semble que derrière cette courte piste se niche une compréhension fine de ce dont nous avons besoin actuellement, à savoir ce mélange délicat d’esprit Chill et d’easy listening, et loin d’être de la tisane, The only way sonne plus que jamais comme la seule réponse audible en ces temps troublés, une réponse qui se refuse toute évasion dansante, une réponse qui repose et impose son évident pouvoir …adoucissant. Par ces temps incertains et médiocres, c’est un petit cadeau qu’il serait bête de négliger.