Un “écran” de théâtre parce que ça respire encore !
Une initiative heureuse de la Comédie de Caen qui, en cette période de confinement ( 2.0 ?) nous invite à découvrir , de ce soir jusqu’au 14 novembre prochain, la nouvelle création d’ Olivier Lopez : RABUDÔRU, POUPÉE D’AMOUR.
Si les théâtres, en France, sont nombreux à proposer des mises en ligne de leurs productions, il faut signaler ici la volonté d’Olivier Lopez d’intégrer, dès la conception initiale du projet une dimension “streaming”, qui devait, à l’origine, démultiplier le regard d’un des personnages de la pièce en proposant un “contre-champ” subjectif et video.
La crise est passée par là, et son injonction comminatoire, à tous les artistes, de penser la poursuite d’un travail public sans …public. On sait à quel point cette question de la diffusion du spectacle vivant sur les réseaux sociaux est polémique, elle se pose pour les gens de théâtre, mais aussi pour les musiciens. Certains artistes, et non des moindres, s’opposent vigoureusement à ce qu’ils considèrent comme une prestation dénaturée, voire illégitime. D’autres, moins catégoriques ( ou plus fragiles économiquement ?) s’écartent de cette posture radicale et tentent de survivre et de maintenir un contact, même virtuel, avec un public existant, absent, ou indifférent.
Pour ma part, je ne peux que relayer et m’enthousiasmer de la démarche de la Cité Théâtre, de son directeur, Olivier Lopez, et de la Comédie de Caen qui mettent à disposition, gratuitement, et ce durant les horaires “classiques” du spectacle, une diffusion video de cette nouvelle création et ce pour deux raisons au moins.
Tout d’abord parce que cette diffusion est intégrée dans le “process” de création et qu’elle n’est donc pas une solution de dernière minute pour maintenir, coûte que coûte, un spectacle pensé dans et pour le monde d’avant la crise sanitaire.
Ensuite, et c’est peut-être là la raison essentielle, parce que le sujet même de la pièce (une entreprise qui, pour survivre, envisage de produire des poupées sexuelles ….) nous invite à une réflexion jubilatoire sur notre propre rapport aux objets et donc à la vie. Peut-on imaginer plus criante actualité du théâtre ? Alors oui, même si je ne cesse de “pleurer” le silence des salles de spectacles , je serai devant mon écran, non pas avec la honte d’un mauvais stream pornographique ( en existe-t-il de bons ?) mais avec cette curiosité et cette envie de partager un moment la belle folie créative d’Olivier Lopez.