Les Dimanches Électroniques, alias LDE semblent vouloir renouer avec les principes initiaux de l’association, à savoir proposer d’animer nos dimanches. Après quelques tentatives plus ou moins réussies dans la grosse soirée du samedi, histoire de se confronter avec des collectifs, LDE investit la petite salle du Cargö, ce dimanche 24 mars, et  ce avec une programmation 100% locale et surtout un horaire singulier ( 17h-23h) propice à des folies contrôlées.

Vers 19h, la petite salle du Cargö, même si elle est loin d’être pleine, affiche un taux d’occupation honorable. Les habituels « oiseaux de la nuit » electro caennaise ne sont pas là mais ils sont remplacés par une jeunesse propre sur elle qui vient peut être effectuer un rodage avant le carnaval de jeudi. Le soleil est encore de la « party » et il jette ses derniers feux sur le fumoir pendant que l’actuel et l’ancien président de l’asso livrent les ultimes notes de leur B2B. Étrange impression que de passer ainsi d’une salle à peine éclairée à un extérieur, glacial mais encore ensoleillé. 

En guise de déco, on est plutôt dans l’austérité la plus totale et si on oublie, près de la technique, le calicot LDE, on se retrouve dans … le klub. Les modestes moyens de l’association ne permettent pas de folies, qu’à cela ne tienne mais comme une partie de la « com » relayait « l’expérience sensorielle unique » du lieu on attendait peut-être quelque chose de plus inédit pour nos yeux. Il faudra donc se contenter de la boîte-klub. 

En parfaite harmonie avec l’esprit de la manifestation, le duo Spicy cuts livre, vers 19h, ce qui reste à mes oreilles sa plus efficace des prestations. Dans une tension contrôlée tout au long des deux heures du set, Spicy cuts assène une série d’uppercuts ( jeu de mots discutable) musicaux et l’on sent chez les deux artistes un désir certain de plonger le public dans une relecture normande de la folie estudiantine du spring break américain. L’appel de la piste fonctionne à plein et les deux complices évitent soigneusement de sombrer dans les clichés du genre. L’énergie est bien celle que l’on imagine à Miami en ce moment mais la musique, elle, semble tout droit venir du Panorama, la partie chic et cosy du Berghain. Les dix dernières minutes du set installent définitivement une ambiance « biatch-classe » qui aurait pu être lâchée plus tôt mais c’est agréable de savoir qu’il existe, ici même, un duo capable de naviguer avec une telle élégance dans ce registre très périlleux, entre soirées chic et chiantes  et folles beuveries electro. Spicy cuts ne tombe dans aucun des pièges et vise juste avec sa flèche ultra rythmée, flatteuse à souhait mais jamais vulgaire. Encore quelques sets dans cet esprit, avec encore plus de folie et moins de retenue formelle et Spicy cuts pourra définitivement marquer nos esprits.

 Plongé dans une poussive et paresseuse lumière, le duo se retire et livre la salle à Fred H qui, une fois encore, en majesté, nous livre sa vision du closing en articulant sa progressive et incontestable science de la montée du désir. À son habitude, il reprend les bases et mine de rien, nous entraîne ensuite dans son irrésistible univers et l’on se retrouve un peu comme cette pauvre grenouille qui ne se rend pas compte qu’elle est sur le point de se faire bouillir. La recette de ce terrible supplice ( pour la grenouille ) est immuable, mais il y a très peu de cuisiniers qui l’exercent avec un tel talent. 

Un dimanche agréable donc et qui présage, qui sait,  d’une nouvelle dynamique pour cette petite salle du Cargö qui reste, décidément,  le format et le lieu idéal pour ce genre de proposition. Avec son public et un créneau porteur, LDE peut retrouver une dynamique un peu perdue par des errances passées, c’est tout le mal qu’on lui souhaite.

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