Samedi soir, sans fanfare ni trompettes, on pouvait assister à la naissance d’une nouvelle initiative autour des musiques électroniques dans notre région. Julien Gaumont, alias Ckurt, et Émile Joly ( radio Phénix) nous conviaient à l’enregistrement en direct d’une nouvelle émission mensuelle consacrée à la scène « electro » normande. 

Rendez-vous donc au Jolly Roger, à 20h30, pour cette première intitulée « Crossover : la Techno, une histoire de connexions », tout un programme !

Émission zéro en quelque sorte, il s’agissait pourtant de donner le cadre éditorial et surtout de le tester. Au rayon des initiatives heureuses, et ça n’est pas rien, offrir une nouvelle occasion de parler de « nos » musiques et de le faire en public. Pour l’heure, il n’y a pas encore foule mais cela ne doit en rien freiner l’enthousiasme des organisateurs. Portes grandes ouvertes, il fait bien froid dans la salle du fond, et pour cette première, il n’y a pas encore de retour-son pour le public, ce qui deviendra pénible quand les clients du bar, pas forcément avertis, font plus de bruit que les intervenants. Ce sont là quelques petits problèmes qui devraient être réglés au plus vite mais l’essentiel était ailleurs, dans cette volonté de proposer ( et comme il en manque!) une nouvelle plateforme de discussion, parfois critique, autour de l’actualité des musiques électroniques. Crossover mélange donc interviews, informations et retour (plus ou moins critique) sur les événements passés ou à venir. Pour essayer les plâtres, le jeune dj O’Klock et, en face de lui, deux responsables de l’Aubin festival. Forcément, pour cette « première », les deux présentateurs sont un peu hésitants et se rassurent un peu trop avec une conduite soigneusement préparée à l’avance. Très vite, pourtant, la complicité amicale prend le dessus et se dessine l’esprit qui pourrait être celui de l’émission : une discussion enjouée et amicale entre passionné(e)s avec le risque de perdre un peu les auditeurs novices quand on se perd dans des sous-genres type « raw techno ». Autre point fort quand l’artiste invité, ici O’Klock,se lève pour rejoindre sa console et passer de la parole aux actes. Ce côté discussion de « comptoir » loin d’être une faiblesse, peut très vite devenir la ligne de force d’un projet éditorial qui tente d’être au plus près des questions qui traversent le quotidien des artistes et des organisateurs de ces musiques. Parmi les autres initiatives heureuses à encourager : l’ébauche d’une rubrique d’actualités qui, si elle conforte son approche critique, pourrait permettre de sortir du simple agenda de nos sorties. Il manque cruellement un espace de confrontation qui nous permette à tous de sortir de la pure consommation pour affronter humblement mais sérieusement une approche plus artistique et donc exigeante de ces musiques.

Pour toutes ces raisons, et pour la générosité même de l’initiative, je ne peux que souhaiter longue vie à ce Crossover qui, bien que balbutiant encore, répond parfaitement à un besoin et à une nécessité. Alors dès que l’émission sera disponible sur Radio Phenix on se prend une heure pour l’écouter et rendez-vous est pris pour le 18 janvier prochain, date du prochain enregistrement.

Un « Bœuf » exceptionnel à l’Ecto bar.

Vendredi soir, un « petit » événement comme il y en tant me faisait de l’œil. Vince Vega et Nico B ( Mad Brains) étaient programmés à l’Ecto bar, rue Écuyère. Des animations musicales dans les bars, il y en a toute l’année alors pourquoi m’arrêter sur celle-ci ? Certes, je ne peux cacher l’estime et l’excuse amicale pour ces deux djs mais là encore cela ne suffirait pas. Ce qui a donné à cette soirée convenue un caractère exceptionnel c’est dans son évolution artistique spontanée. Présents là en soutien fraternel, R’1 et Angseth, deux autres djs de l’écurie Mad Brains, glissent lentement d’un statut de client à celui d’artistes-invités  et voilà que dans ce petit et chaleureux bar souffle un incroyable esprit de folie musicale. Dans un « bœuf » aussi improvisé que magistral, les quatre djs vont littéralement faire exploser la poudre de leurs tracks respectives dans une battle aussi impitoyable que pacifique. Pour un peu on se serait cru dans l’intimité même des quatre larrons, durant ces moments où il ne s’agit plus de se « présenter » en dj, mais littéralement de vivre et de parler dj ! Loin de toutes paroles, les vibrations ambient de l’un provoquaient les répliques funky de l’autre, pour être contredit rigoureusement par des évidences house. Un dialogue au sommet en quelque sorte, dont nous autres, spectateurs privilégiés, comptions les coups d’éclat en comprenant bien que cette battle, royale s’il en est, apportait avec elle plus de fraîcheur et de vitalité que dans d’autres grosses soirées autrement plus formatées. Un moment de pure folie musicale, amicale et d’audace partagée, un véritable cadeau de Noël avant l’heure, merci les gars !

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