Depuis quelques mois la scène electro caennaise n’est plus que l’ombre d’elle-même. À l’approche d’échéances municipales, il conviendra d’analyser finement les raisons de cette morosité et l’absence de dynamique des quelques collectifs survivants du Covid. C’est pourtant dans ce contexte quelque peu apathique que s’annonce la seconde édition du Skoll festival. 

Le galop d’essai de la première édition, en mars 24, aura permis aux organisateurs du Skoll festival d’affiner le projet tout en maintenant certains principes fondamentaux, en premier lieu l’installation au parc-exposition, encore imprégné de la gloire passée de Nördik et la volonté (affichée) de « faire résonner la scène locale », dixit le dossier de presse. 

Le 28 février et le 1er Mars prochain, place donc au Skoll Winter Festival, avec comme principale nouveauté la mise en place de deux salles. La plus grande, baptisée Skali stage ( il paraît que cela signifie la maison en vieux norrois) ouvrira, pour les deux soirs, ses portes à 21h pour une clôture vers 6h du matin, un format bien connu, et qui reprend le concept délicat  d’une salle à 360 degrés. Si la grande halle du parc-expo est pleine, le choix est pertinent mais d’aucuns s’y sont frottés avec plus ou moins de bonheur… La seconde salle, Jarl ( ça se prononce « yarl » et on nous dit que c’est une référence au chef des clans vikings), se veut plus intime même si cela semble un peu contradictoire avec la tonalité « hardcore » de la programmation. 

Le « haut patronage » nordique reste de mise avec sa déclinaison publicitaire : le loup (Sköll) et sa meute, nouveau terme pour séduire les festivaliers… Why not ? On jugera sur place la pertinence du flacon et pour l’instant on se contente de l’annonce d’une programmation qui fait la part belle aux sonorités boum-boum du moment. Une montée en puissance Hardcore entre les deux soirées et la promesse d’un final « barbare », inutile de dire que cette édition risque de plaire à certains et pourrait laisser de marbre les amateurs d’une approche plus sensuelle de la musique electro. Pas forcément de grosses têtes d’affiche ou alors des vétérans respectables de la scène hard techno à l’image de Fatima Hajji ( vendredi) qui, inlassablement, depuis la fin des années 90, fait exploser son cocktail ( très efficace) de sonorités salsa, arabes ou africaines. Au rayon « nouveautés », il me tarde de voir sur place si le duo Lessss et William Luck ( samedi soir) parviendra à dissiper le doute d’une Boiler Room secrète visible sur YouTube. À noter, par ailleurs, que la soirée du samedi, dans la grande salle, sera « 100% B2B », avec, par exemple, une confrontation attendue entre les deux Lyonnais Basswell et Onlynumbers. Du gros « son » donc, à tous les étages et une dominante hardcore pour plaire à la meute.

En ce qui concerne la mise en valeur des artistes locaux, une fois encore, il faudra venir dès l’ouverture des portes, samedi, pour entendre VHS303 ( le duo Vertuøze et HCo) puis Le Son Vert, et seule, Zélie, programmatrice associée par ailleurs au festival, aura les honneurs de faire le closing de la scène Jarl vendredi soir. Il convient cependant de ne pas faire trop la fine bouche, le contrat « local » est bien rempli avec un dosage cohérent à souligner.

Skoll et sa meute s’apprête donc à rugir durant deux soirs et promet de satisfaire le besoin primal en trépidations « hard ». Reste à savoir si, sur place, on pourra découvrir des subtilités musicales nouvelles, mais c’est là le risque et l’audace même de cette deuxième édition. En affirmant une ligne artistique très « riche » en bpm ( mention spéciale pour la venue de FNoize, le très autoproclamé pionnier de l’uptempo), Skoll surfe habilement sur la tendance lourde d’une grande partie de la scène electro européenne qui nourrit parfois, jusqu’à plus soif, une fuite en avant dans le diktat d’un bpm de plus en plus …radical. Mais derrière cette approche, il reste l’espoir de quelques aurores boréales et musicales et pour cela je fais confiance à Majes qui devrait, vendredi soir, nous embarquer dans sa belle folie techno-trance. Quand on flirte avec la mythologie nordique, il ne faut pas s’étonner de se faire écraser par le marteau de Thor, c’est donc en public averti qu’on se rendra au Skoll…

One Reply to “Avec Skoll, on s’envole ?

  1. Merci pour cet article René, j’espère qu’on se croisera là-bas !

    Le côté hardcore de la techno me va à merveille étant donné le noob que je suis, fraichement introduit à cet univers suite à la hype des réseaux sociaux.

    🔊 and 🫶

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