C’est dans le confort d’un espace Chill digne de la plus select des adresses de la nuit que j’écris le début de ce billet. C’est la première fois que je peux profiter en région du confort d’un espace de repos, j’en viens même à éprouver le besoin de rédiger ces premières impressions, choses faites sans être dérangé, presque au calme, confortablement lové dans un canapé en cuir.
Pour cette édition lexovienne Dysprosium a mis toute sa force dans la bataille et le moins que l’on puisse dire c’est que c’est …gagnant. Dès 22h sur le parking du parc des expositions on sent bien que quelque chose est en train de se passer et il vous prendrait presque l’envie de rejoindre les diverses bandes de fêtards qui s’éclatent déjà, dans un esprit convivial et bon enfant. Mais on ne fait tout de même pas ce déplacement pour danser sur un parking, direction le grand hall.
Au centre de cet espace métallique et qui fleure bon la France pompidolienne, se dévoile une scène centrale : 360° degrés donc, c’est un chiffre à la mode en ce moment, mais il faut dire que les deux collectifs ( Elypsonore et Oiz) derrière l’organisation, en maîtrisent parfaitement le concept, après une soirée Fonderie ( Hérouville) au top.
Le hall est immense et forcément la référence Parc-expo (version Nördik) surgit. Ce qui surprend, après le premier ravissement, c’est l’extraordinaire clarté du son. Des quatre côtés de la scène on bénéficie d’une image sonore précise et détaillée et cette prouesse technique, à elle seule, méritait bien mon petit voyage. Les oreilles sont comblées mais la vue n’est pas en reste avec un dispositif lumineux d’une élégance folle. Huit grills techniques, dans toute la salle, accueillent des lyres, des lasers, des fumigènes mais cette débauche ne sera jamais utilisée de manière ostentatoire ou vulgaire, et c’est un ballet de lumière et d’effets visuels qui progressivement va quadriller, encadrer, balayer ce grand hall, donnant à l’ensemble une indéniable dimension féerique propre à ravir toute une nouvelle génération en attente du Père Noël de la teuf.
Cette nuit lexovienne est, nous disent les organisateurs, la première d’une tournée Dysprosium dans les grands parcs-expo de la région. Il y avait un petit côté carte de visite du savoir-faire et rassurer, qui sait, les responsables des futurs lieux d’accueil. Tout est fluide, professionnel et si on ajoute une bière à 3 euros on obtient un sans-faute absolu pour l’orga, avec, en plus, ce souci incroyable de l’accueil et du confort du festivalier. La prochaine fois, avec une petite scène dans l’espace Chill et on sera littéralement au paradis.
Pour ouvrir le bal, on retrouve Peck qui, entre ses petites œillades tango-guinguette du meilleur effet et qui signent désormais ses prestations, livre un warm-up aussi classe que « modeste » en bpm. Loin des drops ( parfois plus que racoleurs) qui suivront, il nous « chauffe » avec de délicates poussées de fièvre hard-tech qui font mouche, sans griller trop vite les cartouches d’un genre musical qui, en matière de subtilités mélodiques ou rythmiques, n’en disposent pas des masses.
20.100 prendra ensuite les commandes et c’est sous une pure délire visuel de lumière ( comme pour toutes les autres transitions) qu’il débute l’implacable scansion des attendus musicaux. Ça cogne, ça droppe, ça bépéème ( le verbe n’existe pas mais ça …jette) dans tous les coins pour le plus grand plaisir des festivaliers qui n’attendent et parfois ne connaissent que ça. Il faut s’y résoudre et vivre avec son temps, pour les plus jeunes c’est désormais ça la musique electro, au diable les subtilités mélodiques ou harmoniques, il faut que ça cogne. Dans cet exercice musical qui laisse peu de place à la nuance, 20.100 parvient cependant à maintenir des variations bienvenues et rafraîchissantes qui témoignent d’une vivacité artistique certaine.
Au tour de Cassie Raptor de nous surprendre. Encore une qui a compris qu’on vivait désormais à l’ère d’Instagram et que le ramage doit être à la hauteur du plumage. Pas un geste, pas un déhanchement dont on ne peut ignorer les heures et les heures de travail devant la glace. C’est donc une véritable prestation dramatique qu’elle nous livre, en parfaite déesse dj instagrammable mais elle le fait avec une innocence impudique et ça passe. Fasciné par son jeu scénique on en oublierait presque sa musique qui, derrière de grosses “bourrinades” ne sera pas sans nous surprendre par quelques subtilités.
KRTM et sa longue et fragile silhouette prend le relais et dix minutes durant, il s’éloigne avec grâce et poésie de la dictature du kick hard-tech. Comme en lévitation, il infuse en nous des fragiles nappes sonores qui semblent nous dire : laissez-nous une petite chance. Très rapidement le boum boum boum reprend du terrain non sans quelques échappées mélodiques qui nous rappellent le précurseur qu’il a été.
Je quitte la salle avec un dernier petit tour d’inspection, en regrettant un peu que le dispositif central de la scène ne soit pas confirmé par un public plus nombreux . Il y a quelque chose d’inachevé avec ces trois côtés presque vides mais c’était une gageure presque impossible que de remplir ( totalement) cette immense salle. L’ambiance générale, vers 3h du matin est festive et joyeuse, à peine si on remarque, ça et là, quelques rares visages un peu « absents » mais darons et daronnes pouvaient bien passer par-là pour récupérer les enfants, ils n’auraient rien trouver à redire et gageons même qu’ils se seraient laissés prendre par la chaude ambiance festive ….
Avec obstination et talents, Elypsonore et Oiz décrochent sans discussion la palme 2024 de la soirée King size réussie.