Décembre 2019 : l’heure du bilan ?

2019 ; une année de transition pour la scène electro caennaise.

A quelques jours de la fin de l’année, il est peut-être temps de revenir sur les points forts de cette année 2019 (il y en a eu ) et sur certaines ombres tenaces qui obscurcissent encore et toujours l’horizon des nuits électroniques caennaise.

Tout avait pourtant commencé sur les chapeaux de roue avec une magnifique soirée de réveillon organisée par la future équipe de Senary. Un lieu insolite (une ancienne carrière) et la magie d’une nuit idéale. De quoi voir 2019 avec sérénité ….

Les “morts” de l’année.

L’annonce, au printemps dernier, de l’annulation de Nördik aura été l’arbre qui cache une forêt de plus en plus clairsemée. Voici donc un petit rappel de nos chers disparu(e)s de l’année : fermeture du Monkey 46, arrêt des programmations “underground” de l’ancienne Ecole des Beaux-Arts. Si on ajoute à cet inventaire quelques “morts” plus ou moins cérébrales avec l’atonie persistante de Chill and Beer (en très petite forme toute cette année après une “grosse” soirée Cargö en mars qui semble avoir laissé l’association exsangue artistiquement) ; un collectif BPI à l’encéphalogramme plus que plat ; Les Dimanches Electroniques (LDE) en phase de rémission et enfin (the last but not the least) un Cargö en grosse difficulté financière et, à cette heure, sans directeur, on obtient un paysage qui (version pessimiste) se fragilise de plus en plus ou (version optimiste) qui doit se recomposer à marche forcée. 

De quoi espérer tout de même !

Fort heureusement, je retiendrai de cette année quelques moments riches et aussi l’arrivée de “jeunes pousses” prometteuses. Dans un désordre plus ou moins artistique, que dire de la sublime prestation de Worakls, en février, qui aura su faire dialoguer synthé et orchestre symphonique. Comment ne pas parler de la “renaissance” d’Ybrid ( incontestablement la “marraine” de la scène electro normande) et qui, avec “sa” soirée, en mars dernier (au BBC), nous aura prouvé une fois encore qu’il faut  compter avec elle. 

2019, c’est aussi Ladacore qui, avec les soirées 360°, innove dans l’utilisation de cette caverne (un peu fourre-tout parfois) qu’est le Portobello. 

Et que dire de la délicate et poétique proposition de Myriam Bleau qui, avec son projet Ballistics, présenté dans le cadre d’Interstice, aura peuplé de “lucioles” une bande-son magnifiée par cette artiste.

Et puis-je passer sous silence cette “nuit avec Satoshi Fumi, au Cargö, une nuit durant laquelle Fred H (et ses acolytes) nous aura prouvé qu’avec un (très) bon carnet d’adresse et un budget modeste, on pouvait toutefois réveiller la petite salle du Cargö et proposer, à ce jour, la plus réussie des soirées clubbing ! 

Dans la série “faire-part” de naissance (c’est tout de même plus réjouissant que la rubrique “nécrologique”), on retiendra l’énergie débordante du team Senary. Certainement portés par le succès de la soirée du réveillon (NYE 2K19), Vertuoze et sa bande de copains, passent la “seconde” et se lancent à corps perdu dans l’organisation de soirées comme autant de signatures de leur passion, ils iront même jusqu’à réveiller ( en novembre) le Palais, cette discothèque hérouvillaise, et il en faut de l’énergie pour réveiller une si vieille endormie !

Autre “énergie” nouvelle , et à suivre de près, le festival Irma. A la fin de l’été, voilà une jeune équipe qui investit la Demeurée et qui propose de nous accompagner en musique dans cette douloureuse transition vers la rentrée (et l’automne !). Le (très) rétrograde maire de Saint-Constest leur cherche des noises, une raison de plus pour les encourager à penser au plus vite une deuxième édition. 

Histoire, là encore, de ne pas céder au désespoir, je ne peux passer sous silence, dans ce “best of” 2019 les convaincantes initiatives de Vnion, cette association de cinq collectifs qui, d’une soirée au BBC (en février) à une récidive en octobre m’aura permis de découvrir la belle évolution du duo Pekno, beau mariage entre console et guitare…

Il y a quatre ans, quand j’ai commencé ces billets, c’était pour mettre un peu de lumière sur des artistes émergents, selon cette détestable expression. Je souhaitais parler de Darkvibe, de Vertuoze, de Mac Declos. Aujourd’hui, j’ai le plaisir (orgueilleux ?) de voir que je ne m’étais pas trompé et, vagues après vagues, d’autres noms s’ajoutent à cette liste que 2019 aura révélés ou confirmés : Lisa Lisa ( ladies first !) ; Glass, ensuite, la belle “pépite” dans le monde de la production musicale ; Angseth, incontestablement pour la rigueur de sa démarche musicale et les audaces qui en découlent ; les Ragondingues, découverts subrepticement lors de la fête de la musique et qui semblent cultiver un esprit des catacombes aussi discret que chaleureux. J’en oublie certainement…

Et la suite, alors ….

En octobre dernier, autour de la “crise” du Cargö, avait lieu une grande messe réunissant la grande famille des musiques électroniques. Une dynamique de concertations semble se poursuivre mais  (avec ou sans boule de cristal) je peux raisonnablement annoncer qu’il n’y aura certainement pas de Nördik 2020, du moins dans sa formule académique. On voit mal comment, à moins d’une année, on peut mettre en place un événement d’envergure sans direction artistique digne de ce nom, et pire encore, sans projet. Sous la contrainte (douce) de la rentabilité et de l’efficacité, le Cargö renoue enfin avec une réelle redynamisation des “ses” soirées clubbing et se murmurent, ça et là, quelques événements labellisés Cargö qui devraient retenir toute notre attention. On sent bien qu’une certaine forme de morosité ( d’ennui ?) s’est répandue sur la ville, en 2019. La faute, en partie, à une course à l’événementiel (les grosses soirées BBC ou Cargö) qui, si elles sont nécessaires, banalisent de plus en plus les offres festives. Il serait peut-être temps de revenir vers des propositions moins quantitatives ( je pense aux deux soirées En attendant Nördik qui, au-delà des raisons économiques, ne resteront pas dans les annales), vers des événements de partages et d’échanges réels qui ne chercheraient pas tant à flatter des “communautés”  (trance, techno, house, dub….) qu’à réunir musicalement et poétiquement un public invité à découvrir un spectacle global et total : une féérie pour les yeux, les oreilles, le corps et …la tête ! Tiens, une dernière proposition pour la route … Nous étions trop peu, en octobre, pour entendre la création live de Bruderschaft, en délicat warm-up. Voici deux artistes qui méritent un cadre ambitieux pour leur travail. Si j’en avais la possibilité, je les programmerais illico au stade nautique, vers 23 H. Imaginez un peu, l’eau, le son, les gradins extérieurs, la folie, quoi ….

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