Hyène à la Bibi : premier concert electro-rock d’un groupe qui va “casser la baraque!”.

Depuis que l’ancienne bibliothèque centrale est investie par le collectif Amavada, je n’avais pas encore eu l’occasion de voir ce nouveau lieu culturel. Ce soir, le “taulier”, Valéry Dekowski est à l’entrée, et il veille, avec tact, au bon déroulement de cette soirée OK Podium, une soirée qui marque l’entrée en scène d’un nouveau groupe caennais : Hyène.

Je retrouve, avec une certaine nostalgie, les portes coulissantes de ma vieille (et regrettée) bibliothèque, mais l’équipe d’Amavada a fait un bon boulot et l’ancienne salle de droite, celle où j’allais chercher mon stocks de polars est à présent une véritable salle de spectacle, avec un grill technique, une “sono” digne de ce nom et un éclairage des plus efficaces, sans oublier l’indispensable bar ! Tout est prêt pour que débute dans d’excellentes conditions, et à un horaire “chrétien”, 19h, le concert. 

Trois silhouettes “néo-punk décathlon” déboulent sur scène et s’invectivent par des rires en écho. Le look des trois résume assez bien la musique qui va déferler, mention spéciale pour le mini short jaune fluo. On est entre le cours de gym dans une Mjc moldave et les soirées “Palace” ! 

Dix minutes pile après les premiers kicks, la salle est en délire, et ce seul exploit me fait dire, sans hésitation aucune, que ce groupe va nécessairement “cartonner”. Quel groupe peut s’enorgueillir ainsi, dès son premier concert, d’être parvenu à nous plonger aussi vite dans une telle frénésie trépidante, à l’heure de l’apéro en plus !

Ils sont trois donc, un batteur qui, au fond de la scène, complète et module les kicks “electro” balancés par un deuxième larron, le short jaune, vous suivez ? En face de lui, sur des claviers rudimentaires, le dernier larron complète ce trio, et nous surprendra, à la fin, par son utilisation “jazzy” d’un saxophone aussi incongru qu’efficace.

Que dire de la musique de Hyène si ce n’est qu’elle est bouillonnante d’énergie et de fraîcheur, qu’elle mêle, sans complexe aucun, l’incontestable efficacité du kick electro avec la rusticité “virile” du rock. Hyène, c’est à la fois punk, rock, presque italo-disco par moment mais sans que jamais un genre ne s’impose au détriment des autres, peut-être parce qu’en “petits batards” du mouvement Fluxus, les trois compères ont fait de la dérision et de l’humour le liant principal de cette alchimie musicale insolite. Pris séparément, les différentes parties du son “Hyène” sont peut-être même assez pauvres, les textes inaudibles ou proche de borborygmes, les boucles “electro” basiques et sans réelle subtilité, et les “riffs” de guitare tout autant. Mais c’est l’assemblage de tous ces éléments “simples”, ce dosage subtil et ultra précis entre eux qui marquent incontestablement l’originalité de Hyène. Si on ajoute à cela un sens théâtral de la scène ;  parodie contrôlée, au quatrième degré au moins, d’un concert punk chorégraphié par Benny Hill, on commence peut-être par avoir une idée plus précise de ces quarante-cinq minutes de concert à la progression rythmique travaillée en orfèvre. Les morceaux se suivent les uns sur les autres, esprit “set” oblige, et forment pourtant des déclinaisons convaincantes, jusqu’à cette pause, à mi-spectacle, deux à trois minutes en apesanteur, le kick a cessé, et une fragile petite mélopée cherche à nous faire revenir sur terre avant que ne rugisse une nouvelle fois la “hyène” qui sommeille en chacun de nous et cela s’est traduit, ce soir, par un public qui scandait avec ses pieds une boucle “electro”. Puis vint le moment de grâce, un saxo qui commence à gémir, juste accompagné par quelques clochettes en guise de kick, la plainte du saxo se répand dans la salle et puis le martèlement d’un kick assumé s’impose, lentement tout d’abord puis avec l’évidence d’un bpm bien calé. Le son se tend, ça monte, ça monte et l’artillerie (légère) d’une boucle rythmique répond au saxo, impossible de résister à cette sensuelle vibration qui s’installe, avec une batterie qui entre dans la danse. On me reproche (parfois) mes enthousiasmes successifs mais tant pis, j’en rajoute une couche au point de céder à l’appel d’un “live facebook”, ce qui pour moi, est le comble de la groupie, une posture que j’assume totalement devant cette Hyène qui vient de rugir sur la scène caennaise. Il va falloir qu’on en profite très vite, de ces trois-là, car mon oreille me dit que la scène locale risque très vite d’être trop petite pour contenir une telle aventure. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *