Et si on votait pour …Miss Covid ?
Depuis ce matin, “mon” réseau Facebook semble obsédé par une seule et unique information : l’élection de Miss Normandie. En temps normal (si tant est que le monde d’avant la crise sanitaire était …normal), cette élection et son écho sur le réseau se serait perdue dans le fil, plus ou moins complaisant, des publications …normales.
Loin de moi l’idée de me lancer dans une vaine controverse sur ce genre d’élection et Amandine Petit, notre Miss Teurgoule, pardon notre Miss Normandie, semble avoir toute la légitimité esthétique pour s’honorer de ce titre. Là où ça commence sérieusement à coincer (d’où le flot incessant d’indignations sur “mon” réseau) c’est quand on apprend que cette élection s’est déroulée devant un parterre de plus de 1400 personnes !
Que 1400 personnes puissent se rendre, un samedi soir, à ce genre de manifestation est en soi, pour moi, un étonnement et je m’en voudrais pourtant de tomber dans le “mépris des Français”, je laisse cette activité (et sa dénonciation) à nos ami(e)s écolos. Mais, qu’en plein tour de vis sanitaire on puisse laisser se dérouler cette soirée à haute futilité artistique ou sociale me laisse …pantois.
Certes, je suis frappé directement par le report ou l’annulation de quelques-uns de mes projets théâtraux, certes, je grogne depuis des mois contre ma frustration de clubber et le silence de mes “nuits” electro. Il y a donc de l’amertume et de la rancoeur dans ma colère et mon incompréhension, et tant mieux, peut-être, si un public, surprenant, peut assouvir, sans honte, sa soif de royauté de pacotilles. On ne va pas entrer dans une médiocre hiérarchie des plaisirs… Mais apprendre que les bars ferment ( le jeudi) à 22H, que les réunions de plus de trente personnes sont …criminelles, que des zones de couvre-feu s’installent ( le château), que des événements musicaux, même en extérieur, sont annulés (la Kermesse au Cargö), que des spectacles (et je ne parle même pas des concerts) sont mortellement fragilisés par des décisions presque quotidiennes qui, insidieusement, rognent de plus en plus notre vie quotidienne, apprendre, enfin, que le plus futile des événements peut se tenir sans vergogne devant 1400 personnes est une provocation insupportable.
Il me semble périlleux et dangereux de continuer ainsi et d’alimenter la colère, l’indignation et l’incompréhension devant ces annonces festives ou administratives qui nourrissent un sentiment d’arbitraire et d’injustice. Je ne souhaite pas la fin des Miss, encore moins édicter ou imposer un TOP 50 des plaisirs admissibles en ces années Covid. Mais il faudrait tout de même que derrière ce flou de moins en moins “artistique” en matière de censure sanitaire, on puisse s’accorder sur un discours partagé et cohérent. Il serait donc possible de se “rincer l’oeil” devant quelques charmantes jeunes filles, de le faire à 1400, et impossible d’écouter dignement un concert debout ? Possible de se serrer dans un RER pour aller travailler et criminel (encore cet adjectif) de penser au plaisir ?
Je souhaite à Amandine Petit, ainsi qu’à toutes les Miss de France, une belle et longue carrière de …miss, mais elle est tout de même étrange cette région, ce pays où il faut se cacher pour écouter de la musique electro avec des ami(e)s et où l’on peut en même temps défiler en maillot de bain devant 1400 personnes …
Bonjour René je découvre cavecaenem.fr. J’ai un grand plaisir à te lire. Tu écris avec beaucoup de délicatesse et de finesse sur la COVID sujet grave qui inquiète les caennais. Le monde du spectacle et de la musique est mis à mal. Je continuerai désormais à te lire. Belle soirée à toi. Nath