Depuis quelques semaines on peut lire sur la devanture du club de la place du 36ème Régiment un sous-titre qui provoque : club electro …. Une telle publicité ne pouvait qu’aiguiser ma curiosité, histoire peut-être de revenir sur des a-priori injustes ou, au contraire, de les conforter.
Il n’y a, dit-on, que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, et ce matin, en rédigeant ce billet, je ne sais pas si j’ai perdu ou gagné en imbécillité mais il flotte comme un parfum de repentir dans mes mots. Suis-je encore sous le charme d’une ambiance « club » que je pensais disparu à Caen depuis la fermeture de l’Icône mais force est de constater ( et d’avouer, au risque de perdre des lecteurs ) que ça « sentait » vraiment le club, hier soir, au No Limit. Certes, du côté du Portobello, on peut vivre un aspect des musiques que nous aimons ; certes, il y aurait encore quelques petits points à régler, mais la grande différence entre un club electro et un lieu plus généraliste réside prioritairement dans cette sorte de fièvre festive qui anime les clubbers, une sorte de petit culte païen, hédoniste en diable, un plaisir canaille et innocent qui vous fait dire que la nuit sera différente, plus riche, plus intense, plus drôle, et tout simplement …différente.
À l’appel de PLNFR, un trio ( gagnant ) au programme ce soir : Angseth, Vertuøze et Møla, l’assurance d’une techno charpentée et vitaminée.
Le ( nouveau) No Limit n’a pas reculé les murs, et l’endroit reste modeste en taille, mais ça et là on voit bien des changements notables : pour le public, comment ne pas être impressionné par ce King Kong métallique, genre Richard Orlinski, mais en moins vulgaire. Il trône, en toute majesté devant la piste et de sa gueule explose un laser qui vient compléter un nouveau jeu de lumières. Pour les artistes, de nouvelles platines viennent enfin mettre aux « normes » le club, reste à peaufiner le son qui est encore un peu brouillon et ouate encore un peu trop les médiums, mais ça bouge ….
J’adore les ouvertures de salle, l’esprit warm-up, si formateur pour le dj et tellement annonciateur et révélateur du reste de la soirée. Avec Angseth, après une évidente mise en place des codes « techno », on glisse rageusement vers des pointes mélodiques plus affirmées et la nécessaire ambiance « club » qui exige un équilibre délicat entre entre « putasseries » dansantes et signature DJ. Lentement les esprits s’échauffent et le No Limit devient …un club.
Là où, quelques temps plus tôt, on sentait encore et toujours ce positionnement flottant entre discothèque généraliste de centre-ville et club branchouille, on sent que la bascule peut se faire, que ce lieu peut répondre ( en partie) à la nécessité de disposer d’un espace de reconnaissance pour nos artistes locaux.
Qu’on ne s’y trompe pas, je n’encense pas aujourd’hui ce que je conspuais hier, mais ma conscience ( et ma sincérité) m’oblige à reconnaître que quelque chose a changé. Entre hostilités de façade ( combien de dj(s) honteux d’y jouer par le passé ?) et enthousiasme surjoué, il y a un discours raisonnable à tenir et je l’assume ici. Il se passe bel et bien quelque chose de neuf et de rafraîchissant du côté du No Limit.
Vertuøze, que j’ai vu naître à L’icône, rejoint Angseth et c’est une confrontation ( B2B) rageuse entre les deux djs. À Vertuøze les kicks de plus en plus gorgés en bpm, à Angseth les contrepoints mélodiques, et le club s’échauffe.
Je ne reste pas jusqu’au passage de MØla, je dois préserver mes forces pour les expos Interstice, mais ce n’est que partie remise. En ce qui me concerne, finie la bouderie No Limit, mais tout comme une hirondelle ne fait pas le printemps, la suite seule ( et la programmation artistique) vendra confirmer cette nouvelle et agréable impression.