Les nouvelles énergies de la fête ?
Au moment où l’on nous annonce l’arrivée d’une future tempête, à la veille d’une journée de Toussaint, morose, forcément morose, on ne peut que se réjouir de voir qu’une jeune équipe envahisse un des lieux les plus magiques de Caen pour nous offrir un petit festival.
Lilie’s Creatures donc, puisque c’est de cela dont il est question ici, et cette proposition de faire de l’église Saint Sauveur, ce jeudi après-midi (et une première partie de la soirée) un chantier artistique ambitieux et généreux à la fois.
Derrière Lilie’s Creatures se cache un nouveau label : We Do No Harm qui entend bien apporter sa “petite” pierre à la vie artistique locale. L’événement d’hier était donc à comprendre comme une sorte de “crémaillère” publique, ou mieux encore, une “carte de visite” de la philosophie de WDNH. En cumulant les aides et le soutien de partenaires privés ( de Repro color à Sain’bols Superfoods), les organisateurs donnent le “la” en quelque sorte, et nous prouvent qu’ils s’inscrivent dans cette nouvelle génération qui délaisse les traditionnelles subventions ( ville, département, région, état….) pour privilégier des “sponsors” plus modestes mais qui préfèrent certainement accompagner des dynamiques humaines plutôt que gérer des dossiers sans âme peaufinés par de médiocres tableaux Excel.
Au programme de cette première édition, de la soul, du rock, de la pop, des ballades, encore des ballades (c’est assez étrange de constater ce retour en force de la plainte sensuelle et mélodique, cette envie de baisser la lumière et de se glisser dans la douce torpeur d’une voix qui vous susurre des mots “bleus…, mention spéciale dans le genre pour le groupe Indigo Birds et leur répertoire spécial “velcro” pour “pécho” en mode romantic-lover ).
La régie technique occupe le centre de l’église, mais il reste de la place pour circuler tout autour et profiter, parfois, des interventions, façon éléphant dans un magasin de porcelaine, de quelques drag queens échappées d’un zoo en carton pâte.
Les artistes présents sont jeunes, très jeunes mais n’est-ce pas là la volonté de WDNH d’accompagner, dès le berceau ( quand on parle la novlangue des programmateurs on dit “ émergence”…) et ils ont en commun l’émotion de ces premières confessions avec le public, l’église (certes désacralisée) renforce encore plus cette confession. Que ce soit Paul-Loup, Charlie Quid, ou encore Fake, on retrouve cette même confiance ( naïve ?) dans la langue anglaise, comme si elle était le seul vecteur d’une nouvelle religion, d’une nouvelle communion. Les références stylistiques sont là, de Damon Albarn à AaRon, et encore et toujours la ballade comme fil rouge, tropicalisée avec classe par Annabella Hawk quand elle nous emmène du côté de Marseille avec sa “soul” (on reste dans le religieux !) classieuse et parfois desservie par une sonorisation à la hache.
Pas de temps morts donc, et une atmosphère “oecuménique”, genre église évangélique tendance flower power, mais en mode 2019, c’est à dire avec une sagesse et un sérieux qui, s’il illustre un réel professionnalisme, manque parfois d’une dose de “folie” douce. On attendait beaucoup (trop) des interventions de Los Matriarcas, des drag queens venues spécialement de Paris (ach Gross Paris !!!), mais c’est un “happening” bien gentillet que nous servirons ces “dames”. Les costumes sont impeccables et les fesses de ces messieurs peuvent tuer de jalousie les femmes présentes dans l’église mais l’ensemble reste le point faible de ce mini-festival, tant par l’approximation des chorégraphies que par la confondante bienséance d’un show incapable de réveiller un epadh, encore moins rempli de vieilles “folles”, fussent-elles en exil sous viagra à Mikonos !
On espère vivement que l’équipe de WDNH poursuive son ambitieux projet, et qu’elle se lâche encore plus dans la nécessaire revitalisation (folle ?) de la nuit caennaise. Je ne sais pas pour vous, mais je trouve qu’on commence un peu à se lasser. A quand ( à Caen ? mauvais jeu de mots qui avait marqué ) une soirée folle, sans l’alibi mercantile d’Halloween ?
Joyeux anniversaire, Monsieur Fred H.
Comment ne pas finir ce billet sans évoquer la “petite” fête improvisée par les amis de Fred H au Trappist. A minuit pile, la foule, nombreuse entonne un un Happy birthday to you en l’honneur du désormais patriarche Fred H. Quelques petites heures plus tôt, le même Fred H nous prouvait une fois encore sa capacité à faire entrer le soleil d’ibiza dans un bar à bière, ce qui n’est pas, avouons-le, le plus simple des défis. Alors, une dernière fois, joyeux anniversaire, Monsieur Fred H.