On prend de la hauteur avec Lajava  ( et Out Fest)…

Une étrange coïncidence esthétique semble frapper la scène ( numérique ) caennaise depuis quelques semaines. Après l’initiative d’ Out Fest (j’en ai parlé dans mon précédent billet) et sa volonté d’associer musiques et patrimoines normands, c’est au tour de la jeune et prometteuse association Lajava de nous “envoyer en l’air” avec son projet Open/Cloze#2. 

Là encore on retrouve ce même désir d’associer un décor naturel (ici le château de Caen) à une captation d’un show musical, et là aussi, on décolle devant son écran d’ordinateur en survolant l’installation de Tolvy, ( Violette Tocqueville de son vrai nom) la jeune rouennaise qui pour un temps, investit les hauteurs des tours du château. L’instrumentarium de l’artiste est suffisamment efficace pour se prêter à ce dispositif et permettre ainsi à une drone de filmer jusqu’à plus soif ( effet looping garanti) l’élégante silhouette de Tolvy se livrant à un combat titanesque avec ses boutons, ses pads et ses baguettes. Si on ajoute en plus un crépuscule des plus hollywoodiens sur les remparts et une musique qui fait la part belle à une minimaliste relecture des effets JM Jarre ( époque “j’anime les pyramides “) on obtient un moment très dynamique avec une belle progression rythmique. Il y a un talent certain chez Tolvy pour la mise en scène de sa musique et plus encore dans sa recherche d’une efficacité maximale mais comme c’est frustrant de voir toute cette belle machine tourner un peu à vide, non pas en raison  de la faiblesse du dispositif ( remarquable par ailleurs) mais surtout parce qu’il me semble que nous sommes venus à bout de ces retransmissions, de plus en plus “chiadées” mais qui, à force, nous laissent sur le bas-côté de l’émotion tout simplement parce que ….nous sommes derrière notre écran.

Open/cloze#2 se poursuit par la prestation de Basic 96, un artiste en provenance lui aussi de Rouen. Là encore un survol de drone de la scène nous fait craindre un instant le syndrome “capsule Eurovision” mais l’image se calme et nous impose une écoute plus statique, histoire de profiter de la belle installation que forment ces boules à facettes, comme tombées d’un désastre obscur sur les ruines séculaires du château. Plus encore qu’avec Tolvy, se diffuse alors une irrésistible bande-son qui groove à donf ( pardon pour ce ridicule moment de jeunisme) et qui prouve, s’il en était besoin, que derrière l’énigmatique équipe Lajava se cache une redoutable équipe de vieux briscards du monde de la nuit qui ont les moyens de réveiller bien des ambitions de futures soirées exceptionnelles. On se plaît alors à rêver, et si ce Open/cloze #2 n’était qu’une simple carte de visite, la promesse de futures annonces “live” avec l’assurance d’une qualité identique ?? A suivre de très très près en tout cas.

Une timide reprise de la vie musicale “electro” à L’Abreuvoir.

Samedi 5 juin, dans l’après-midi, c’est du côté du port qu’on pouvait guetter les signes annonciateurs d’une reprise de l’actualité “electro” caennaise.  On se souvient que lors du premier déconfinement, en juin dernier ( une date qui semble plus lointaine que la disparition des dinosaures…), l’Abreuvoir  avait permis à quelques artistes de la scène locale de faire entendre leurs sons non sans un petit jeu risqué, parfois, avec la maréchaussée. On prend donc le même bar, et on recommence, avec un protocole sanitaire encore plus strict. Une belle partie de la “faune” electro caennaise est là pour soutenir l’initiative et assister à cet étrange jet-lag esthétique qui nous fera entendre de la trance à l’heure où habituellement on commence à peine à ouvrir un paquet de chips ! 

Tout est encore un peu engoncé et fragile, et le public n’est pas nécessairement, dans son écoute, à la hauteur de ce qui est tout de même une première après des mois de glaciations festives ou musicales. Organisé par Bear. PM, l’affiche est sympathique avec H.Co dans un closing en forme de montagnes russes qui tente de distiller une ambiance de fin de soirée à 20h et qui y parviendra parfois. Auparavant, en guest incontournable, Vertuoze se sera essayé à une délicate remise en jambes non sans quelques petites imperfections mais qu’on ne peut que lui pardonner après ces longs mois de silence forcé. En petit nouveau de l’année, on découvre la boîte à “musiques” de Kolok, un jeune talent de l’écurie Bear.PM qui navigue entre esprit chill, soul et qui, ma foi, remplira assez efficacement son cahier des charges, jusqu’à finir avec le toujours aussi réjouissant Hoping de Louie Austen.

Que retenir de ces premières retrouvailles musicales ? Un public tout de même assez indifférent devant ce cadeau, inespéré et inenvisageable il y a encore deux mois, la faute peut-être à la température tout de même encore frisquette, la faute aussi à ces horaires encore trop incompatibles mais on ne peut que remercier l’Abreuvoir de permettre ainsi un premier tour de chauffe et de nous faire croire ( espérer ?) un retour vers des temps musicaux plus chaleureux…

Fête de la Musique 21 : “Le musique partout, le concert nulle part”….ça reste à voir !

A quelques  jours du 21 juin, date de notre “fête de la musique”, je repense à la formule de Maurice Fleuret, le concepteur (réel) de cette fête : “ La musique sera partout et le concert nulle part…”. Dans l’attente des décisions préfectorales, je me suis rendu sur le site du Ministère de la Culture pour connaître un peu mieux la position officielle, à trois semaines des festivités. On peut ainsi y lire : “ les concerts impromptus des musiciens, notamment amateurs sur la voie publique ne seront pas autorisés afin de ne pas créer de rassemblements….” ( sic) ! Peut-on raisonnablement, alors, parler de Fête de la Musique ? 

Histoire de continuer ce voyage en Absurdie, on peut lire aussi : “ En cas de manifestation en plein air, accueillir le public en configuration assise, en respectant les plafonds de jauge et les modalités de distanciation fixées par le décret qui sera alors en vigueur (rappel de ces règles en annexe 1). Ce qui implique une gestion renforcée et adaptée des flux de population au regard de l’interdiction des rassemblements sur la voie publique (maximum 10 personnes) …” 

Donc on récapitule, pas de musiciens amateurs dans les rues, et configuration assise obligatoire avec une jauge maximale de 10 personnes, autant dire que l’esprit et la lettre de cette Fête de la Musique sont piétinés. N’était-il pas plus simple (et moins hypocrite ?) de simplement nous annoncer une annulation pure et simple de cette édition 21, quitte à enrober tout cela dans une belle annonce d’une Fête exceptionnelle en 22, pour ses quarante ans ? 

Je me mets à la place de mes ami(e)s musiciens caennais, en ces jours où nous sortons timidement des mesures sanitaires strictes, et je me dis qu’il est plus que jamais urgent de ne rien faire. La météo sanitaire n’est décidément pas clémente pour les saltimbanques….

Une nouvelle rubrique à venir dans Cave Caenem…

Histoire de surfer sur la promesse d’une nouvelle dynamique d’après-covid, Cave Caenem s’apprête à lancer ses entretiens de la nuit… Au gré de l’actualité, je proposerai à des acteurs de la scène normande de se livrer aux jeux de mes questions, histoire de nourrir un peu le débat ou, plus simplement encore, de faire entendre autre chose que le soporifique “ronron” des dossiers de presse. Je suis très heureux de la première personnalité à m’accorder sa confiance pour cette nouvelle aventure. Et cela risque de surprendre … Effet teasing garanti !

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