La Nuit caennaise et ses grandes manœuvres …..

L’écurie M.A.D Brains s’agrandit.

Mercredi c’est donc sur les réseaux qu’on apprenait une nouvelle qui, si elle ne bouleverse pas notre vie quotidienne, n’en illustre pas moins une profonde réorganisation de la scène électronique locale. Le collectif M.A.D Brains, à peine remis de son impeccable démonstration de force de samedi dernier au Cargö, annonçait donc une importante augmentation de son équipe artistique avec la venue non pas d’un nouveau DJ mais de cinq ! 

Plus virile que jamais ( la parité en prend un coup ), le collectif accueille donc en son sein en tout premier Bruderschaaft et ses deux djs, Weiser et Nico. B. A force de me passionner pour la série Succession, j’ai tendance à tout voir sous le prisme du “Too big to fail” et des restructurations boursières, et il est vrai que cette arrivée de Bruderschaaft va de pair avec l’annonce de la Solar Family (la maison-mère de Bruderschaaft) qui se fond désormais dans le catalogue M.A.D Brains, bref ça restructure à tours de bras dans le petit monde des musiques électroniques. Loin de tout procès en opportunisme stratégique, cette fusion-absorption ( il faut que j’arrête avec Succession !) relève d’une certaine évidence tant les valeurs musicales portées par les deux collectifs se retrouvent. Avec Bruderschaaft, c’est un certain artisanat sonore, tout en finesse qui rejoint M.A.D Brains, en élargissant ainsi la couverture esthétique du collectif. Très logiquement R’1, membre fondateur de la Solar Family les accompagne dans cette nouvelle aventure.

Autre “capture” de choix, Conformance aka The Botched Noise Makers Committee & Goldthwait, présent, comme les précédents samedi soir dernier, à se demander pourquoi il a fallu attendre mercredi pour cette annonce, tant elle pouvait être une “cerise” sur le gâteau d’anniversaire des dix ans ? 

Dernière recrue ( un nom féminin pour le dernier “gars” de la bande) Tib’z et sa vigoureuse bonhomie techno et voici donc un collectif qui, derrière Ethereal structur et Fred H ( en tête) et les autres, capture une grosse part de la potentialité créative et artistique de l’actuelle scène electro caennaise. En part de “marché”, le chiffre serait indécent à donner, tant la métaphore boursière a ses limites, en terme de puissance de tir(s) sonore(s),  c’est tout de même un peu la grosse Bertha, et l’on attend beaucoup de cette OPA, d’autant qu’elle se fait dans un contexte économique et culturel qui se tend…..

Du GHB et de ses effets collatéraux….

Depuis le début de la semaine il n’est plus question que de cela : et si toi aussi, tu balançais ton …bar !  Loin de moi l’envie de marginaliser cette prise de conscience quant aux dangers des drogues versées dans des verres “innocents”. J’ai encore moins l’envie de traiter cette actualité de mode mais je m’interroge tout de même des conséquences à long terme de cette nouvelle épidémie de révélations et de son impact sur l’économie de la nuit caennaise. Un simple coup d’oeil sur Instagram et le nom de certains bars, de certaines “boites” surgit.

La réponse du Portobello, après une information qui a mis le feu aux poudres, sera de couvrir les verres et de prouver sa volonté farouche de lutter contre ce fléau, réel. Coup de “com” contre prise de conscience, c’est la loi du genre. Là où tout cela devient plus discutable c’est si confirmait par ailleurs une rumeur qui annonce l’arrêt de toute programmation “electro” dans ce même Portobello. Outre le fait que l’amalgame réducteur entre “electro” et stupéfiants s’annule, de fait, par la diversité des bars “incriminés” dans ce Balance caennais, il s’agirait là, d’une décision qui ne manquerait pas d’attaquer encore plus la très fragile effervescence “electro” caennaise qui se remet très difficilement de la sortie ( espérée) de la crise sanitaire. Très conscient des conditions drastiques ( qu’en termes galants ces choses là sont dites) d’accueil du Portobelllo pour les djs locaux, il n’en reste pas moins vrai que ce bar est ( je me refuse à croire que je puisse écrire “était”) un des derniers lieux à maintenir une véritable saison “electro” à Caen après la disparition de l’Industrie et de l’Icône. J’ai commencé l’aventure Cave Caenem pour témoigner de la folle et active vitalité de la scène locale dans les musiques électroniques, et même si je sais bien que je n’en écris pas encore l’acte de décès, sa précarité économique et structurelle est telle qu’il est peut-être temps de s’en alerter. Si d’autres “tauliers” en venait à suivre cet exemple et à marginaliser encore plus cette expression artistique, c’est un pan entier de l’attractivité culturelle de notre ville qui en viendrait à faiblir et un risque réel de relégation qui nous attend. Toujours dans la catégorie “il se murmure”, on sait que des collectifs locaux ne sont plus l’ombre d’eux-mêmes et que d’autres travaillent, d’arrache-pied, à trouver un lieu qui leur permettrait autonomie et autarcie. Bref de grandes manoeuvres s’imposent et j’espère que les lecteurs et lectrices de ce blog et  qui, d’une manière ou d’une autre ont un pouvoir d’action sur ce petit monde de l’electro  comprendront l’urgence d’une réaction rapide, commune et concertée ….. 

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