Hier soir, après le beau spectacle d’Annie Pican au studio 24, direction le Cargö pour la première des deux soirées NDK, ce festival des musiques électroniques maintenu plus ou moins à flot pour conserver l’idée de Caen « capitale de la techno », comme le signalait un peu prématurément le site Electro News.

En matière de capitale, la concurrence est rude avec l’Amsterdam dance event ( ADE) qui déroule au même moment son tapis de bombes musicales insurpassable. A défaut de capitale européenne, on visera donc le podium national et c’est parti une vérification amicale sur place.

On l’aura attendu longtemps, la programmation de cette troisième édition, très longtemps et on pensait que c’était gage d’une cuisine mitonnée avec amour et patience. Histoire de patienter un peu, on se souvient des points forts de l’édition précédente, et en particulier ce souci bienvenu de transformer le Cargö en un véritable village musical. 

Cette année, sans qu’aucune explication autre que financière ne vienne expliquer ce  choix, on découvre que la bonne idée d’hier est passée aux oubliettes et c’est un Cargö bien tristounet qui nous ouvre ses portes. Finie l’ingénieuse circulation par la seconde porte d’entrée pour rejoindre le fumoir, finie la petite et agréable petite scène extérieure, finie la décoration un peu festive avec ce grand lustre de la scène centrale et surtout la fin de trois soirées pour justifier un tant soi peu le terme de festival. Tout est un peu au rabais à l’image de ces quelques ballons accrochés à l’arrache sur les lampadaires extérieurs et qui vont pitieusement se dégonfler dans l’indifférence général ou ce petit tipi dressé à la hâte sur le parvis qui tient lieu de déco sans panache. 

Qu’importe donc le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. Les « éléments de langage » distillés par le Cargö pour tenter de justifier le minimalisme de leur dernière proposition festivalière tournent autour du très dévalué « less is more » ; moins de gros noms coûteux, moins de public, moins de ci, moins de ça mais pour plus de quoi ? Là encore la réponse nous est donnée avec cette volonté ( d’affichage) de nous faire découvrir les sons et les artistes de demain. En gros on défriche pour vous et on engrange plus tard les bénéfices de cette audace de programmation. En guise de son de demain, on débute avec Célélé dans le club, avec ses escapades africaines débitées à la hache. Dans le genre warm up c’est discutable mais ça passe même si le public, encore restreint se rue dans la grande salle dès l’ouverture des portes. 

La grande salle et son effet wouah fait pschitt assez vite avec cette idée de placer les artistes dans la salle. Avec une centaine de personnes la proximité est certaine et l’effet Boiler Room fonctionne efficacement mais plus tard il sera bien difficile de voir autre chose que des crânes devant soi. Mention particulière cependant pour le son qui est chaud et percutant à la fois, un beau travail d’agencement technique qui rend parfaitement jusitice à ce type de musique. En matière d’éclairage on notera, cette année un dispositif kaléidoscopique qui fait éclater sur un mur de lumière devant la scène des « pépites » de couleur comme une sorte de joaillerie de lumière assez efficace. Azo, une artiste de Bruxelles entre en scène et avec elle, là encore un assez déroutant warm up qui navigue entre techno mélodique et nappes rythmiques. Il faudra l’entrée en scène de Jensen Interceptor pour réveiller la salle et donner le «  la » de la soirée, celui d’une techno breakée, d’une salsa breakée, bref ce sera break à tous les étages. C’était audacieux et tendance à Londres il y a dix ans mais c’est entré dans les mœurs et ce n’est que justice de jeter ainsi un éclairage local sur une tendance lourde mais déjà bien installée. Là où le bât blesse un peu, c’est quand devant l’atonie plus que molle d’un public pas forcément aguerri à ces acrobaties musicales, il faudra réveiller tout ce petit monde avec des bons vieux four on the flour comme ce Satisfaction (Benassi) qui hystérise pour un temps la salle, comme quoi les bonnes vieilles recettes ….

Dans la petite salle, Aquarian semble faire le même constat d’un public en attente de propositions généralistes et c’est sous une Madonna version Frozen que l’énergie passe au mieux nous laissant imaginer son set dans la grande salle où il aurait très certainement trouvé un place plus pertinente avec ses audaces percussives. 

Jensen Interceptor continue de breaker à mort toute la panoplie du carnaval de Rio avec ses sambas de plus en plus minimalistes il est donc temps de se nettoyer les oreilles avec les deux gamins Von Riu et Maté dans le club. C’est cool et un peu potache dans la forme avec cette techno … breakée qui fait penser ce jazz progressif des années 70 mais cette fois-ci transposé au dance floor. Dernier retour pour moi par la grande scène pour entendre Courtesy que je connaissais et son electro racée mais sans surprise, tant pis pour la découverte. 

Ce soir, pour la deuxième et dernière soirée, on quitte la Belgique, le Danemark ou le Brésil (australien) de Jensen pour une ouverture locale ( la seule) que je me dois de soutenir. Place donc à Obsolete et à ses deux artistes qui n’auront pas à rougir devant cette programmation au bon goût de crémant ( de qualité pour certains) mais, hélas, servi dans un verre Duralex de cantine.

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