Et si on remontait la queue du chat….

Impossible de passer à côté de l’événement, jusqu’à ces petits petons félins disséminés rue de Strasbourg et qui nous invitent à suivre un parcours (tracé d’avance ?)…. Les chats de Geluck sont à Caen, pour le plaisir des petits et, qui sait, des grands. Eprouver ne serait-ce que de l’indifférence face à cette invasion féline reviendrait à s’exposer à une attaque en règle et à divers procès en intellectualisme snobinard ou en pédanterie. Bref, comme les réseaux sociaux sont maîtres en matière de goût et d’opinion, je me range (médiocrement) derrière le discours convenu et je crie mon “miaou” de félicitation, tout en pensant intérieurement que depuis les baudruches botoxées de Fernando Botero on connaissait l’effet “waouah” des rondeurs enfantines surdimensionnées…

Un étrange dialogue “culturel” place de la République.

Il se trouve pourtant que la venue des chats de Geluck n’est pas la seule manifestation artistique caennaise de cette rentrée et que sur la même place de la République se trouve, un peu au fond, près de la poste, d’étranges containers qui entendent bien, à leur façon, nous inviter à une rêverie poétique. Proposées dans le cadre d’Interstice, ces installations, incongrues et stimulantes à la fois, donnent à cette place de la République un éclat dialectique inédit. Fruit d’un hasard jubilatoire on voit ainsi une voiture écrasée par un chat (côté Geluck) et un moto Kawasaki érigée en mode “totem” et comme recouverte par une végétation qui l’absorbe (côté Interstice)…Deux “accidents” artistiques en quelque sorte, deux visions, deux usages poétiques de la métaphore….Il serait vain (et impossible dans le climat actuel) de poser un jugement esthétique sur ces deux propositions, si étrangement complémentaires et contradictoires. Il serait peut-être plus pertinent, politiquement, de remonter les chaînes de responsabilités (et de décisions) qui ont entraîné ces deux expositions (tout comme pour le cochon, je milite pour une traçabilité des propositions culturelles). Dans la cas des containers d’Interstice, on sait que depuis des années ce festival milite avec vigueur et rigueur pour nous livrer chaque année, à Caen, son lot magique d’oeuvres à même de nous sensibiliser à des expressions inédites. Pour le chat, un circuit plus ou moins “glamour” de villes en mal de publicité s’alignent pour accueillir cette exposition, le plus souvent sans le soutien des institutions locales dont c’est le métier. Indifférence des “cultureux” vs mépris des “communicants”…Si c’était aussi simple ! Pour ma part je me plais à imaginer un étrange dialogue entre cette moto et cette voiture, si proches l’une de l’autre et pourtant si étrangement distantes. Ca pourrait donner  un truc dans ce genre :

La moto : Dis, tu m’en laisses un peu !

La voiture (écrasée) : De quoi ?

La moto : Des regards, tu m’en laisses un peu ?

La voiture : Tu sais, c’est pas pour moi qu’ils sont là.

La moto : Ils sont là pour quoi alors ?

La voiture : J’en sais rien. Tu ne crèves pas de chaud dans ton container ?

La moto : Quand y a du soleil, c’est un peu l’effet de serre, mais ça reste supportable. Et toi, ce chat, il est pas un peu lourd ?

La voiture : On s’habitue, je ne fais même plus attention…

La moto : Et ça te fait quoi de finir en œuvre d’art ?

La voiture : Oh, du moment qu’on parle de moi ….

Ils ont encore quelques jours ( 12 jours pour la moto) pour continuer cette petite discussion mais il ne sera pas dit que pour un temps notre place de la République n’aura pas été la plus vivante des métaphores.

ND ….couac  ?

Mes ami(e)s le savent, je suis prêt à presque tout pour le plaisir d’un bon mot et celui-ci m’est servi sur un plateau. En effet le festival NDK, en amorce à sa prochaine et première édition ( même si on retrouve la techno-structure de feu Nördik) avait organisé un Before dans l’Orangerie du jardin des plantes, annonçant même le premier événement musical dans ce lieu. En guise d’orangerie les spectateurs se sont retrouvés entre le bac à sable, bien connu de tous les parents, le petit patio et les toilettes ! Qui, de la ville de Caen, du Cargö est responsable de cette déprogrammation de dernière minute importe peu puisqu’au final le set de Lisa Lisa a fait le job dans ses déroutantes divagations musicales  planétaires. Comme pour mieux montrer la complicité des structures culturelles ce Before NDK servait aussi de soirée d’inauguration au festival Interstice, un festival qui durant 15 jours, de l’église Saint Nicolas à celle de saint Sauveur, de l’artotheque à l’orangerie se propose de nous faire découvrir une nouvelle fois ses Inclassables, des œuvres toujours aussi folles et diablement déconcertantes de simplicité. J’y reviendrai très vite.

One Reply to “Un chat, une moto et ND…couac !”

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