Des nouvelles du “décaenfinement” electro….

On attendait ce moment un peu comme les enfants attendent Noël, peut-être même avec une urgence encore plus grande, tant ce “sevrage” musical fut brutal, radical et qui sait, fatal ! 

J’attendais cette première soirée avec du “son” pour me convaincre que tout cela n’était qu’un mauvais rêve, une parenthèse à oublier au plus vite, et puis cette première annonce sur les réseaux avec une affiche prometteuse : Vertuoze, Skinzag, Louis the 4th….

Je m’apprêtais même à me pincer un peu le nez devant l’extrême vulgarité du nouvel endroit qui devait ouvrir en fanfare, dès mardi, le déconfinement des bars. Va pour l’Escobar donc, et sa plus que discutable apologie mercantile d’un truand ( à quelques mètres d’un commissariat, c’est cocasse). Finalement l’événement est annulé, ce qui en dit long sur la légèreté avec laquelle ce nouveau lieu semble traiter les artistes. C’était sans compter sur l’énergie et la détermination de Vertuoze et de sa bande de joyeux déconfineurs. Un nouveau lieu, l’ Abreuvoir, une nouvelle date (vendredi soir) et on se reprend à y croire.

Dancing in the street ….

Direction l’Abreuvoir donc, et ce dès 19h, pour ne pas perdre une miette de cette offrande musicale tant espérée. Le monde est là, on respecte assez bien les consignes sanitaires, prêt à dégainer son masque. Quelques petites gouttes de pluie nous rappellent que l’on est à Caen, et comme une provocation inutile, qu’il faisait encore lundi un temps sublime ! Derrière les platines, Louis the 4th, qui s’acclimate au mieux de cette atmosphère encore un peu hésitante, ce moment du retour à la vie où les corps, les gestes et les regards semblent encore sortir d’une longue hibernation. Un “chill” parfaitement dosé qui ne fait que confirmer ma curiosité pour ce nouveau venue de la scène caennaise. Louis the 4th porte avec élégance son masque et sa frêle et longue silhouette se dresse entre la terrasse et le bar. Durant le confinement il m’avait fait découvrir les pistes de son album 

https://open.spotify.com/album/6qBd7ia4iiodcfyNIfswbb?nd=1&fbclid=IwAR2FbM8qSNFXdpuP-xo3k_kdh6PLS84feUhl7IZ_M_QxwdQxMVBtuQ1736Y et j’avais sincérement pu apprécier, sur un titre surtout : Functional aesthetics sa cohérence entre l’annonce du titre et son soin à développer habilement un discours musical intime et construit. Une belle découverte confirmée donc en “live”. 

L’ambiance se réchauffe peu à peu, et c’est avec un immense plaisir que je retrouve des visages connus, un peu de cette “faune” de la nuit qui m’avait tant manqué. Skinzag (avec des apparitions tendrement cabotines de Vertuoze) reprend la main et c’est toute une mécanique bien rodée qui se déploie. A vrai dire, je suis incapable de porter un jugement ( qui n’a que peu d’intérêt en plus) tant je suis en train de prendre ma “dose” de vie, de plaisir. Et puis, comme jamais, il y a cette impression d’appartenir à une communauté, des “drogué(e)s” du son peut-être, mais pourquoi en rougir ?  Un petit sourire, quelques mots par ci par là et toujours ce même aveu, ce “manque” si lancinant et parfois presque douloureux, et cet instant de grâce que nous vivions tous. Il n’est pas question ici de distribuer les bons ou les mauvais points envers telle ou telle prestation ( ce n’est d’ailleurs jamais mon intention, juste coucher sur le papier mes propres impressions…) mais de redire à quel point cette vie musicale m’avait manqué, et remercier, encore et toujours celles et ceux qui l’animent. 

H.CO, découvert lors d’une inoubliable soirée Ragondingues au Camino, cet hiver, se lance dans la suite et il pourra se vanter d’avoir fait danser la rue, vibrer le trottoir, craquer les tabourets et hurler les “tasspé” dans mon genre ! Sa recette, efficace en diable, même si elle n’est pas exempte de quelques facilités techniques et esthétiques, est simple  : On balance des “tubes” ou des tracks de “folie” comme ce Mad de Dennis Cruz et son final prophétique : “ I want you to get mad !”. Sauf que ce soir la folie est douce, joyeuse. Un moment de crainte, quand vient à passer un véhicule de police, on est un peu “hors des clous” sanitaires, mais ça passe et la rue repart de plus belle. Il y a bien longtemps que je n’avais pas vu autant de sourires complices, goûté avec autant de candeur à cette simple envie de se lâcher et d’être là, tout simplement là, dans l’étourdissement du  bonheur d’être en vie, d’être avec des ami(e)s, avec des inconnu(e)s qui vivaient, en synchronisation parfaite, la même chose, sans forcément y mettre les mêmes mots, mais avec le plaisir de la musique comme lien supérieur. Pour finir, Vertuoze vient faire …du Vertuoze et c’est comme ça qu’on l’aime, avec cette petite signature Acid qui aura su s’adapter aux contraintes du lieu. Alors, oui, on n’est pas au Cargö, il faudra certainement encore attendre longtemps avant de connaître le retour des grandes fêtes païennes electro, mais Dieu que ce vendredi, à L’Abreuvoir m’a fait du bien. Merci, merci, merci …

Quand Ipnotika fait sa “com”.

Je ne peux pas passer sous silence la mise en ligne du site Ipnotika : https://www.ipnotikaunit.com/?fbclid=IwAR3bGbtNrY1QxFFEtWQw53YJocomT9Ip9u8SfE1MI69NXid76NqAFYcxM_E

On connaissait le militantisme passionné de Guillaume Jouvin, et la récente mise en ligne du site Ipnotika ne fait que confirmer l’apport essentiel de ce collectif depuis quelques années dans l’animation de nos nuits electro. Un coup d’oeil s’impose dans la rubrique “artists”, ne serait-ce que pour découvrir un catalogue, pas si hétéroclite que ça. Au-delà d’une unité formelle (hardcore-hardpsy) se déssine un véritable projet “politique” qui fait plaisir à voir, une équipe avec laquelle il faudra plus que jamais compter ! Décidément, derrière l’apparent silence du confinement, on assiste à une nouvelle distribution des cartes et une nécessaire “labellisation” des collectifs. A suivre donc, en espérant plus que jamais qu’à l’automne tout ce petit monde puisse faire entendre la belle puissance de sa créativité et de sa diversité.

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