Et si le 21 juin prochain, on réveillait les  (sur) vivants ?

Le premier week-end post-confinement s’annonce et avec lui, de façon presque douloureuse, le manque, la nostalgie, le désir, l’envie….Selon mes humeurs, l’attention que j’accorde aux bruits d’un monde qui se “déconfine”, j’ose espérer un retour à la vie d’avant, ou (scénario morbide) je cède aux sirènes du “plus rien ne sera jamais comme avant “…

On se réfugie alors dans d’inutiles pronostics, de vaines supputations : les bars en juin, les petites salles en juillet, les clubs à l’automne. La lecture des “posts” en provenance d’Allemagne est angoissante, on y parle de clubs qui n’ouvriront pas avant l’arrivée d’un vaccin, on y parle aussi de drive electro (concept stupide), on y dévoile des événements facebook payants, pour soutenir les djs et les clubs, bref on s’adapte, tant bien que mal.

Il y a bien quelque chose de dérisoire à se plaindre ici, à regretter aussi égoïstement les soirées Portobello, les nuits “Cargö”, les découvertes “Ragondingues”, toutes ces petites actualités musicales qui faisaient le “sel” de mes billets, cette tentative, vaine peut-être, de garder une trace, un souvenir de cette écume de la nuit electro normande. Derrière chacun de ces billets, il y avait, faut-il l’avouer une fois encore, l’envie de dire merci, encore et encore merci à ces artistes d’un soir, d’un mois ou d’une vie, ces artistes qui faisaient que mes nuits étaient toujours plus belles que mes jours. Et voilà que cette drogue “locale”, cette vie musicale, faite de partage, de rire et surtout de passion se trouve stoppée net dans sa course. Passé le stade de la sidération, de la stupéfaction, on a vu, ça et là, fleurir des initiatives numériques; qui sur son balcon, qui dans sa cuisine, dans son bureau… L’énergie créatrice était là, sans aucun doute, le partage, virtuel, aussi. Mais il manque une chose essentielle, essentielle à l’esprit même de cette musique electro : il manque cette présence du corps, cette présence du groupe, cette présence de l’autre. Certes toutes les expressions artistiques exigent la présence du spectateur, de l’auditeur (et parfois, hélas, du consommateur), mais ce qui fait que la musique electro, peut-être plus que toutes les autres expressions musicales, est si durement frappée par la crise Covid, c’est que l’énergie de cette musique repose sur une alchimie subtile entre des éléments indissociables, le DJ, le lieu, le public et la danse. Une soirée “electro” réussie constituait  ainsi une forme d’oeuvre d’art total qui donnait toutes ses lettres de noblesse à la Fête.  Oust ! On oublie pour un temps les soirées, on chasse toute nostalgie et on investit les matins, les petits matins

Le prochain rendez-vous qu’on oublie, et celui qu’on espère ….

Le 21 juin approche et cette redoutable fête de la Musique qui “achevait” habituellement la saison electro, avant le grand sommeil de l’été. Sans trop solliciter mes médiocres dons de voyance, il y a fort à parier que cette année, elle se fera sur un mode “petite fugue”, et encore…. On échappera ainsi à quelques déconvenues musicales mais aussi à quelques belles découvertes ( comme les Ragondingues l’an dernier). Faut-il pour autant ranger cette fête de la Musique au rayon “pertes et profits”, je ne le pense pas et il y a peut-être encore quelques djs “couillus” (j’hésite à mettre au féminin par pur respect anatomique, mais les filles sont de la partie) qui, de manière furtive, pourraient nous surprendre par des “aubades numériques”. Je rappelle qu’avant d’être une marque de lingerie, le terme d’aubade désigne une petite pièce de musique jouée le matin (aube) devant celle (ou celui qu’on aime. Tiens, le 21 juin c’est un dimanche, et si, au lieu de fêter la mort de ce jour le plus long de l’année, on fêtait pour une fois sa naissance. Si, au lieu de faire venir à soi les badauds, on les réveillait avec un “before”, si ? Si ?  Si ? J’ai bien quelques idées en tête, quelques folies aussi, et si je livre ici une piste c’est avant tout pour nous permettre à tous de sortir du “cadre”. Cette crise est une immense provocation, elle nous oblige à ruser, à faire assaut d’intelligence, mais ça pourrait avoir de la gueule, non une aubade electro au quatre coins du centre ville à l’heure où les premiers rayons de soleil de cette plus longue journée se mettent à frapper la tour Leroy ! Et comme je ne suis pas sectaire dans mes goûts musicaux, place au rock, au rap, au tango aussi ! Caen, au petit matin déserte mais qui se réveille en musique…. il y aurait bien quelques esprits grincheux pour se plaindre mais qui pourrait s’opposer à une telle symbolique, crier en musique notre espoir en un jour nouveau et non dans une ultime veillée funèbre ! Une dernière fois, mais par plaisir, on exigerait du public qu’il reste à sa fenêtre, sur son balcon, mais il pourra danser, en t-shirt, en pyjama, accueillir à bras ouverts ce nouveau jour et faire le plus élégant des bras d’honneur ! 

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