Un mot tout d’abord pour la rive gauche, côté Black Moon au Cargö. De l’autre côté de l’Orne donc, deux salles pleines ( sold out en version franglish). J’étais sincèrement tiraillé, ne serait-ce que pour soutenir les trois artistes (Zélie, SPRNS et Pablo avec son vjing) qui travaillent avec moi pour la Uhme´s night du 14 avril dans ce même Cargö ( admirez le délicat placement « produit »…), mais mon envie de savoir s’il existait désormais un potentiel nouveau lieu « electro » était plus forte, une curiosité de concierge peut-être aussi, qui sait ?

Le WIP, pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore c’est cette immense halle aménagée sur le site de l’ancienne SMN, à Colombelles, une cathédrale de béton du siècle dernier reconvertie en salle polyvalente 2.0, entre « friche bobo-chic » et co-working ecolo-friendly. 

La montée jusqu’au plateau se fait, sur la dernière ligne droite, dans la nuit noire, un véritable gymkhana pour noctambules engagés, mais on arrive enfin devant le « monstre », à savoir cet immense espace plus à même d’abriter les performances indoor du Royal de Luxe que le club macramé d’une Mjc…

$Je passe très vite sur petites tracasseries de l’accueil, absence de CB ou paiement par Lydia, ça sent tout de même plus la soirée boum étudiante que l’événement pro sauf que c’est tout de même 20 euros.

Vers 21h 30 le hangar à zeppelin est encore vide, même si on est impressionné par le nombre de bénévoles et d’acteurs « sociaux » de la nuit présents, stand de prévention drogue en premier. Rien à dire, tout est là pour donner à voir les signes d’un encadrement sérieux.

La grande salle ( je me répète, je sais, mais la salle est vraiment grande) est assez astucieusement divisée par un énorme pendrillon en deux tiers, un tiers ; deux tiers pour la scène et un tiers pour un espace Chill et accueil. On respire et c’est agréable de profiter des astucieuses remorques aménagées en banquettes pour papoter. 

Sur scène, pour accueillir les premiers arrivés, deux jeunes djs dont je ne connaîtrais jamais le « blaze », tout juste si je parviens à savoir qu’il s’agit de deux membres de l’association organisatrice, Les Dimanches Électroniques, faut-il ici le rappeler. Ils devaient certainement passer par là et ils ont vu du matos, alors pourquoi pas balancer quelques tracks ? 

Question déco, option minimaliste de mise, mais avec intelligence et efficacité certaine. Comme mur de fond de scène, un savant dispositif de tubes-led disposés en chevron souligne le caractère gigantesque de la hauteur sous plafond et à la face, au bord de la scène, un pupitre central qui repose sur deux gros blocs lumineux dans lesquels on retrouve l’esprit des tubes-led mais cette fois pour former comme des hélices prêtes à nous faire….décoller ?

Sonoriser un tel volume est un défi technique qui ne sera qu’en partie relevé hier soir. Dans cette halle quasiment vide au départ, le son est tout simplement médiocre. De la réverbération, de la réverbération et encore de la réverbération et cette impression pénible d’avoir déjà mis ses bouchons d’oreille. Des graves qui sonnent creux, aucun médiums et des aigus qui s’embourbent dans les hauteurs sans jamais nous atteindre. Fort heureusement, vers une heure du matin, au pic de la fréquentation,  ( à vue de nez environ 400 personnes) le son s’est un peu affirmé, comme si les corps des danseurs absorbaient, en partie, les défauts acoustiques de la halle, mais pour qui entend faire une prochaine soirée « electro » dans cette salle, il convient de repenser totalement  la disposition des enceintes, ou de changer de prestataire technique ….

L’énergie « parisienne » en version turbo-train.

On nous promettait une « fiesta » et surtout le gratin de l’agence Chevry Agency qui a du faire un prix de « gros » pour fourguer ses deux artistes, Vitess et Fasme à nos organisateurs-étudiants peu rompus au monde cruel du booking. 

On peut commenter à loisir un line-up et celui-ci ne démérite pas mais il est tout de même étrange de constater qu’aucun artiste local ne vienne compléter ces noms prétendument vendeurs, ne serait-ce que pour affirmer ou honorer la vitalité de la scène normande qui en a bien besoin après deux années de disette. 

Fasme donc, en warm-up, et en mode DJ set. Deux heures de prestation, le temps de naviguer entre minimalisme de bon aloi, invitation presque dance pour finir sur une provocante ( et discutable ) rupture finale entre break beat et dub. Les tracks sentent parfois la petite pépite et s’enchaînent avec une virtuosité certaine, mais n’est-ce pas le moins que l’on puisse attendre d’artistes à dimension «  internationales » ? 

Vitess arrive ensuite, pour un live de deux heures. J’avoue avoir eu du mal à saisir la dimension « live » de la performance, c’est à dire ce commentaire personnel et artistique du dj improvisé directement sur scène si on excepte cette étrange fulgurance d’une boucle échappée à ABBA et proposée dans une version bodybuildée qui fait tomber la salle en pâmoison. C’est super propre, super pro mais on guette sans jamais l’obtenir la surprise musicale ou une rupture qui viendrait arrêter ce flot incessant d’évidences formelles et esthétiques. C’est peut-être ça la «  qualité internationale » qu’on cherche à vendre à cette pauvre province si balourde ? 

Que retenir de cette première grosse soirée au WIP ? Tout d’abord remercier les Dimanches Électroniques d’avoir essuyé les plâtres de ce lieu et de nous avoir permis d’en tester les potentialités et les limites. Une fois passé l’effet wouah de l’entrée, il devient difficile de se plonger dans une réelle ambiance warehouse tant le lieu est formaté pour en livrer une version proprette et bourgeoise. Un peu comme ces anciennes publicités The Kooples qui tentaient de nous faire passer pour punks des fils de bonnes familles qui s’encanaillent avec des fringues du Sentier. 

Pour le reste, même si on peut saluer la renaissance des Dimanches Électroniques, il serait tout de même profitable, si l’envie leur en venait de poursuivre dans cette voie, de muscler le professionnalisme du booking et de ne pas mettre les œufs dans le même panier. Je n’ai rien contre les soirées étudiantes mais le ticket d’entrée pour une soirée d’envergure nécessite des ambitions artistiques indiscutables. On sait, dorénavant, que le Wip exige, pour ce genre d’événement, une force de frappe plus que conséquente…..

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