Cave caenem : uHME commence à apparaître sur les réseaux sociaux, mais entre uHME et uHME’s night, on peine un peu à comprendre le concept ….

René Fix : La création du spectacle uHME est pour nous l’occasion d’une fête et cette fête c’est notre uHME’s night. Plutôt que de rester entre nous, à l’issue de la représentation, on s’est dit que ce serait plus sympa de voir un peu plus grand, et quitte à être en résidence au Cargö, autant profiter de la petite salle pour la traditionnelle fête de “première” ! En plus AEven et A222 nous rejoignent pour “ambiancer” le tout avec une proposition plus que stimulante : nous faire voyager dans ce qu’ils imaginent être les “sons” electro de demain. En fait, le concept est simple : le 14 avril, c’est un peu, pour nous, la fête des amoureux de la house, de la techno, de l’electro, de toutes les musiques qui font les chroniques de votre blog ….

Cave caenem : Justement, vous ne craignez pas un peu le risque de vous adresser exclusivement  aux amateurs de ces musiques ?

René Fix : Avec uHME nous faisons le pari contraire, celui de créer une forme inédite autour des musiques que nous aimons, de nous adresser à tous, de faire un spectacle “populaire” en quelque sorte, un spectacle qui parlera, je l’espère, aux initié(e)s mais aussi, et peut-être surtout, à celles et ceux qui n’y connaissent pas grand chose ou qui parfois, font semblant. Vous savez, ces personnes qui, en plein “live”, vous demandent s’il va y avoir Daft Punk ? ( expérience vécue au Portobello récemment). En fait, uHME est une invitation à écouter différemment ces musiques, ou mieux encore de les écouter comme de la musique à part entière et non plus comme un simple prétexte pour faire la fête.  

Cave caenem : Mais la fête est une activité très sérieuse, non ?

René Fix : Justement, c’est parce que toute l’équipe de création pense que la fête peut et doit être une expérience artistique à part entière que nous mettons toute notre énergie à construire uHME. En partageant, durant une heure et quart l’intimité musicale de deux musiciennes dj ( Zélie et SPRNS), il s’agit tout simplement d’entrer un peu dans l’arrière-cuisine des soirées “électro”, de mieux comprendre l’origine, la construction d’un track, d’un enchaînement, de nous rappeler que ces musiques ont désormais une histoire. C’est un peu comme avec la bière ou le vin, on peut en boire pour s’enivrer, mais on peut aussi déguster, et pour déguster il faut des clés, des portes d’entrée … Le goût est une question culturelle. A l’issue du spectacle, pour les plus novices, nous espérons avoir apporté quelques “clés” d’écoute, et pour les amateurs-militants, nous espérons avoir rendu dignement justice à leur passion. 

Cave caenem : Mais alors uHME, c’est un spectacle ou une conférence ?

René Fix : C’est un spectacle à part entière, avec les codes du spectacle, c’est-à dire un début ( ne ratez pas le début, c’est à 20H 30 !) et une fin. Je viens du théâtre, ma véritable légitimité artistique ne vient pas de la musique mais du théâtre. uHME c’est le désir de conjuguer une passion ( les musiques électroniques) et un art, celui du spectacle théâtral. La dimension” conférence” est toute entière dans l’intrigue elle-même. Pour dévoiler un peu le “pitch” du spectacle je pourrais dire qu’il s’agit de deux jeunes musiciennes qui acceptent enfin l’étrange invitation de uHME, une simple connaissance de “réseaux” et qui est en réalité une intelligence artificielle. Elles se retrouvent sur une scène vide mais aménagée pour une soirée musicale et de là s’installe une étrange complicité avec ce nouveau “pote numérique” qui voudrait apprendre à …aimer ! Toute la dynamique théâtrale débute par ce simple huis-clos !

Cave caenem : uHME est donc un personnage virtuel ?

René Fix : uHme est un personnage à part entière, et grâce au travail plastique d’Anthony Lebrun, sa présence va se matérialiser sous la forme d’un “brouillard” video tandis que Pablo Geleoc se chargera de l’animer intellectuellement. Sans eux, sans leur travail, uHME ne serait qu’une idée…

Cave caenem : Mais sur scène il y aura deux …musiciennes ! Pourquoi ce choix ?

René Fix : Je tenais à ce que ce spectacle soit un “écrin” pour des artistes que je connais et dont je suis le travail depuis longtemps. Il se trouve que ce sont deux filles et dans un univers encore très ( trop) masculin, je suis content de le faire, naturellement, avec et pour elles. Si cela apparaît comme un manifeste féministe, why not mais le point de départ est une reconnaissance artistique ! uHME  c’est, à sa manière, le spectacle des enfants de “Nördik”, c’est à dire l’affirmation d’une génération d’artistes qui sont né(e)s dans le sillage de la dynamique de ce festival.  Le présenter ( et le créer ) au Cargö est donc naturel et évident pour nous et cela exige que nous soyons à  la hauteur de cet héritage.  Voilà près de deux ans que je réunis autour de ce projet des personnalités, je les réunis mais je ne les dirige pas ! Je tente, modestement, de leur offrir une nouvelle manière de s’exprimer en veillant à être le garant de la cohérence dramatique de l’ensemble. uHME est une création “collaborative” qui se veut respectueuse des apports artistiques de chacun et ce jusque dans la communication même du spectacle qui doit tant à PolarX ( DJ incontournable par ailleurs) et qui nous a rejoint pour cette étape ultime. 

Cave caenem : On peut donc considérer uHME comme un manifeste de la “ Caen techno quality way of life “ ?

René Fix : Un spectacle n’est jamais un manifeste, c’est juste une déclaration d’amour ! Il y a toujours un risque à déclarer son amour, celui du “gadin”, du refus, de l’indifférence… À deux semaines de la première, nos nuits sont celles des amoureux qui espèrent et qui craignent à la fois, mais l’énergie qui nous unit est celle que nous donne l’amour et la passion de cette musique. Si uHME est l’acronyme d’Une Histoire des Musiques Électroniques, nous savons bien qu’il nous est impossible d’aborder complètement ce continent des musiques électroniques en entier. On pourra nous le reprocher ou le comprendre mais comme il est dit à la fin de la Dame aux camélias, ce beau mélo d’ Alexandre Dumas-fils : “ Il te sera beaucoup pardonné, parce que tu as beaucoup aimé ! ». À mon tour  de vous poser une question, Cave caenem. Vous ne craignez pas pour votre crédibilité éditoriale avec ce publi-reportage ? 

Cave caenem : Ce blog, Cave caenem, existe pour rendre compte de l’actualité, de l’actualité “electro” en priorité, il était donc normal de m’en charger ! Et puis ne dit-on pas qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même ? 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *