La “Nuit caennaise” doit se faire entendre ….

Dans quelques semaines, comme tous les six ans, on redistribue les cartes municipales dans l’espoir que ça bouge, un peu, pas du tout, à la folie ou dans la crainte que ce ne soit qu’une formalité…

Pourtant la qualité de la “nuit” caennaise, qu’on le soupçonne ou pas, est directement impactée par les décisions prises du côté de l’Hôtel de ville. Loin de moi l’idée ici, de donner une quelconque consigne de vote, ce serait grotesque. En revanche, il me semble nécessaire d’apporter sur la place publique certaines questions qui mériteraient des réponses précises de la part de celles et ceux qui envisagent de nous représenter. 

La question du navire-amiral : Le Cargö.

La lecture du #1 du journal du Cargö est édifiante. Entre l’éditorial du Président, et son consternant lot de tautologies du genre “ Depuis de nombreuses années l’ association Arts Attack ! propose à la collectivité un projet global  de diffusion de soutien de la pratique musicale amateur, d’accompagnement de musiciens en voie de professionnalisation, -on reprend son souffle, la phrase ne fait que commencer – d’actions culturelles, de formation et de ressources dans une volonté permanente de promouvoir la diversité des pratiques artistiques et des initiatives culturelles présentes sur le territoire”, entre cette langue de bois donc et la page intérieure  “Une nouvelle page” consacrée à la remise à plat du projet Nördik et du projet Cargö on se dit que nous voilà embarqué ( Cargö oblige) dans un bel exercice d’enfumage. 

Si la question du devenir de ce lieu et de sa gestion est cruciale c’est évidemment parce que cette “institution” municipale occupe une position centrale dans la dynamique de l’animation de la “nuit” caennaise. Le Cargö ne peut se prévaloir, à lui tout seul, l’exclusivité de cette animation mais de son inertie ou de sa vitalité artistique dépendent des pans entiers de l’économie de la “nuit” culturelle locale. Si on ne peut que se féliciter d’un regain d’attention pour la scène locale, le processus, généreusement participatif, de reconstruction des projets Nördik et Cargö ne peut que laisser songeur. Je n’ai pas à préjuger le résultat de cette concertation ( à laquelle je participe) mais, après quelques réunions il apparaît comme clairement impossible à une structure sur la “sellette” d’écrire une “nouvelle page” tout en distribuant elle-même les feuilles et les stylos. Pour le dire plus simplement encore, le Cargö ne peut être juge et partie dans son processus de survie et il devient nécessaire et urgent que la Ville de Caen ( et peu importe le nom de son futur maire) se ressaisisse d’un dossier qui concerne tout simplement sa politique culturelle envers les musiques actuelles. Selon les projets politiques ( ou les silences sur ces questions) il y aura des retombées qui dépassent de loin les enjeux du simple projet d’une association, fut-elle aussi historique qu’Arts Attack ! 

Quid d’une possible ouverture hebdomadaire de la petite salle (le Club) ? , d’un soutien à des lieux alternatifs (et donc potentiellement concurrents), d’un plus grand “libéralisme” dans les ouvertures tardives des établissements, d’un accompagnement technique des artistes avec une régie technique volante comme au Havre, d’une plus grande ouverture des lieux de “culture officielle” aux musiques et aux nouvelles pratiques artistiques, et plus simplement encore d’un regard moins condescendant ou paternaliste sur des formes d’expression artistiques liées à la fête ? 

Il s’agit-là de toute autre chose que de questions anecdotiques ou relevant des simples caprices d’un vieux fêtard. Il en va de l’attractivité nocturne de Caen, de sa vitalité, de sa capacité à faire “bouger” sa nuit. Il en va plus, plus gravement encore, de la capacité de Caen à faire rêver non pas sa jeunesse, mais à penser que l’animation nocturne de la vie de cette jeunesse est un objectif au moins aussi ambitieux que celui d’assurer la pérennité d’une saison théâtrale. 

Mesdames et Messieurs les candidats à la future échéance municipale, j’aimerais vous entendre sur toutes ces questions, non pas parce qu’elles relèvent de mon caprice hédoniste mais parce qu’elles sont au centre d’une réflexion plus large sur la modernité de notre ville. 

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