Dans un silence mortel… Une mise au point après la Fête de la Musique.

Les grandes douleurs sont muettes, c’est du moins par cette formule maladroite qu’on justifie le silence qui suit la sidération, et parfois l’effroi devant la catastrophe. Si je décide de revenir sur mon dernier billet consacré à la fête de la musique c’est parce qu’il me semble essentiel de ne pas laisser s’installer un quiproquo, douloureux pour moi.

Je sais, par des retours écrits ou par cette rumeur propre à tous les milieux, que mon engouement  pour la “prise de saint-Pierre” ( on a les Bastille qu’on peut) organisée par Senary a suscité des commentaires, ce qui est normal, mais plus encore de l’incompréhension, ce qui l’est moins. 

Je m’autorise donc ici une petite mise au point pour clarifier ma piètre pensée et expliquer, s’il en est besoin, les raisons de mon billet de lundi.

Le monde de la nuit, et son économie, traverse une crise sans précédent, et plus que toute autre économie, l’industrie du “spectacle” est durablement touchée. Un député, C. Blanchet a suscité l’ironie moqueuse de ses collègues quand il a commencé à mettre en lumière la situation dramatique que traverse les discothèques, et il sait, plus que d’autres de quoi il parle. Si on ajoute à cela toute la production musicale qui est suspendue on comprend vite que le monde de la nuit (et non les bars) payera le plus lourd tribut économique, ne serait-ce qu’à cause d’un déconfinement renvoyé à l’automne.

En “glorifiant” la Rave de Sen ary dimanche soir, et donc en lui  accordant ainsi une sorte de publicité élogieuse, j’ai, involontairement, laissé croire que cette action était inconséquente. Mais je me dois de rappeler ici, dans “mon” media, un media dont je suis le seul rédacteur, et le seul responsable, que je ne me suis jamais donné aucune autre mission que celle de rédiger le” journal intime” de mes plaisirs musicaux. Ce serait me renier que de taire le plaisir réel que j’ai ressenti dimanche, un plaisir coupable, peut-être, mais en existe-t-il d’autres ? Je ne suis pas journaliste, et encore moins moraliste ou donneur de leçon, et si je devais en donner je serai le premier à les piétiner, et à danser dessus ! J’ai dit à quel point je pouvais comprendre l’indignation voire l’écoeurement de certains devant ce qu’on est en droit de considérer comme une légèreté scandaleuse mais je ne me suis pas senti le droit de passer sous silence, dans mon “journal intime” ce moment de ravissement total. 

Dans une indifférence égoïste qui ne regarde que ma conscience, j’ai “péché” et j’ai pu laisser croire que cet égoïsme sensuel et musical était en soi une valeur. Pour être encore plus clair, j’ai pu laisser croire que j’étais indifférent envers toutes celles et ceux qui, pour des raisons sanitaires, avaient décidé de respecter ce silence musical douloureux que le Covid, dans son implacable violence, nous impose. De grands noms de la petite scène locale electro ne se sont pas exprimés dimanche et ce silence est non seulement à respecter mais il témoigne plus encore d’une prise de conscience remarquable, que cela soit dit ici clairement.

Je ne veux pas, en revanche, laisser croire un instant que je reviendrais  ce  soir sur des paroles soigneusement pesées lundi, en rédigeant mes remerciements sincères à Senary. 

A travers Cave Caenem, je tiens le journal plus ou moins méticuleux de mes passions, de mes enthousiasmes, et parfois de mes légers déplaisirs musicaux. Il est vrai, que faute de concurrent(s), mes billets remplissent involontairement le silence médiatique de la presse locale et qu’ils concentrent alors les tensions compréhensibles d’un petit monde, un petit monde plus que jamais menacé dans son énergie vitale. Une seconde vague redoutée et c’est le dernier trimestre 2020 “electro” qui sombre corps et âme, et je ne prends pas cela du tout à la légère. 

Mais si on me reconnaît (parfois) la capacité à bien parler des artistes locaux, je me sens plus légitime encore à parler au nom des “pauvres” consommateurs de cette musique, et c’est en véritable “drogué” (en grave crise de manque) que j’ai vécu ces quelques instants sulfureux, qui plus est derrière une église ! Mea culpa, mea maxima culpa donc d’avoir laissé parler la fin (précipitée) de mon sevrage, plutôt que ma raison. Mille pardons donc envers tous mes ami(e)s artistes qui se sont tu(e)s dimanche, je ne voulais pas ridiculiser ce silence, encore plus douloureux pour eux que pour moi, puisque la musique est leur expression prioritaire là où moi je peux écrire à plus soif !

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