From Caen with love ….

La pauvreté de l’actualité electro caennaise n’explique pas les lignes qui suivent, ou alors par un singulier contraste entre vitalité créative et pauvreté festive. Durant le confinement certains artistes de la scène musicale s’en sont retournés vers les richesses de la production musicale, avec souvent beaucoup de bonheur. Pour des raisons que je vais tenter d’expliquer ici je ne peux pas passer sous silence le nouvel EP produit par un certain …Fred H. 

Pour en parler j’éviterai soigneusement les “clichés” qui peuvent coller à cette figure désormais tutélaire de la nuit caennaise. Exit donc les termes d’incontournable, de vénérable, d’ancien, de légendaire et autres termes aussi réducteurs que très insatisfaisants.  Les quatre pistes parues sous le label Brique Rouge sont regroupées derrière une annonce programmatique : Sound factory tales et on ne pouvait espérer un titre  plus juste pour réunir ces quatre morceaux, tant on sent chez Fred H une volonté narrative, un désir de nous raconter en musique ( en contes- Tales-) ses  fééries intimes, sa passion pour la musique House. Une première écoute, un peu distante (ou purement protocolaire) nous plonge dans la cuisine House la plus académique, avec ce perpétuel balancement rythmique si caractéristique du genre. Tous les codes sont là, développés avec la méticulosité qui caractérise si bien l’intransigeance rigoureuse de Fred H. J’avoue ( je donne pas mal dans le “mea culpa” en ce moment) que j’aurais pu rester sur cette première impression de pure efficacité mais un titre From NYC with love faisait, en loucede, son travail insidieux de petite rengaine avec son petit goût de “revenez-y” qui, chez moi, est le début d’un grand amour. Dix minutes donc d’où s’échappent immédiatement cette très courte vocalise érotique, à peine esquissée. Une toute petite “boucle” féminine suivie d’une autre, tout aussi courte. On entre alors dans un subtil montage sonore où chaque nouvelle apport fait surgir, par ondes de plus en plus captivantes, l’écho nostalgique d’une période que Fred H (et oserais-je dire moi-même) connaît mieux que tout autre. Il y a, dans From NYC with Love des bouffées infinies d’un parfum nostalgique mais là où Fred H excelle c’est qu’il ne se contente pas d’accumuler des citations, des emprunts historiques pour nous fourguer un pot-pourri des heures glorieuses de la House des origines. Il faudrait trouver un mot qui, derrière celui de nostalgie, apporterait en plus cette notion de juvénilité et fraîcheur que l’on retrouve ici. Nulle impression de regret, ou celle d’un paradis perdu, aucune trace de nostalgie donc, mais une vivifiante contribution moderne, une sorte de Neo-House dynamique, inventive et en même temps garante des lois intouchables du genre.

Il est plus que plaisant de voir qu’un artiste comme Fred H, qu’on pouvait penser ( à tort) comme un gardien du temple, que dis-je, un prêtre du temple, puisse pratiquer ainsi le débroussaillage d’une école buissonnière tout en restant aussi finement dans les “clous”. 

Ce qu’il fait, à travers cet EP, ne relève pas de la chirurgie esthétique, mais bel et bien d’une contribution moderne, inventive et généreuse, nostalgique certes par instant, mais en n’oubliant jamais de nous redire que l’avenir ne s’observe jamais à travers un rétroviseur. Good job, Mister Fred H, very good job !

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