Hier, en fin d’après-midi, le cinéma Lux devenait, le temps d’une représentation, le lieu d’un culte … artistique.

Aux commandes de cette proposition, la nouvelle association Obscurs Phénomènes. Réunissant des passionnés de musique metal, cette toute jeune association entend bien nous proposer des manifestations inédites dans un esprit prosélyte ( revendiqué) autour de cette musique.

N’étant pas un grand connaisseur, et pire encore, avec un esprit surchargé de clichés satanisto-gothico-metalleux, je ne pouvais pas rater cette première rencontre, histoire de remettre un peu les pendules à l’heure et qui sait, de mieux comprendre la ferveur presque messianique de ses thuriféraires. 

À l’entrée du Lux, le contraste est plaisant entre les habituels retraité(e)s de l’Education nationale, qui forment le gros du public de l’après-midi et une petite cohorte de « chevelus » tout de noir vêtus et qui attendent poliment l’ouverture de la salle. On comprend très vite que le « metal » est bien plus qu’une musique mais aussi ( surtout ?) un art de vivre. Dans le hall, l’équipe de radio 666 finit de ranger son matériel après une émission en direct consacrée … au metal assurément et à l’actualité de la nouvelle association. 

En guise de pierre fondatrice, le public pouvait découvrir la première projection en France d’un documentaire de Claudio Marino consacré au leader du groupe Behemoth, Adam Darski, autant de noms totalement inconnus pour moi mais qui semblent sonner comme des références incontournables. Toujours dans le hall, la jeune maison d’édition les Flammes noires, spécialisée cela va de soi dans cette esthétique et qui vient justement de publier une biographie de Behemoth. Pour les amateurs du genre, une pure folie et pour les curieux dans mon genre, une plongée troublante dans une quatrième dimension. 

Pour introduire la diffusion du film Adam the Apostate, Jean-Claude Lemenuel ( Président de l’association) nous annonce un « zoom » avec le cinéaste et présente rapidement les ambitions futures d’obscurs Phénomènes. On connaît l’inlassable combat ( mission ?) de Lemenuel : défendre et diffuser dans notre région des musiques vivantes qui échappent aux radars des courants mainstream et qui sont pourtant riches d’une force émotionnelle et musicale indiscutable. Son éternelle silhouette noire en dit long sur sa passion « metal » et c’est avec l’âme d’un missionnaire en terre barbare qu’il aborde la soirée, fort d’un enthousiasme et d’une jovialité naturelle qui vous feraient  presque apprécier un viking hurlant. 

C’est donc parti pour un documentaire de près d’une heure autour d’Adam Darski. A l’image, on découvre d’abord et avant tout un paysage, nordique à souhait, dans de belles tonalités automnales et un travail de surimpression graphique qui va ponctuer les six chapitres du film. Dans des gros plans assumés, le visage, viril à souhait d’un fringant quadragénaire qui, de confession en confession, livre l’intimité de son parcours, du grand-frère en fuite vers l’Espagne à son combat contre la leucémie. De musique, il ne sera presque pas question, tant pis pour moi qui voulait un peu comprendre. En revanche, il se dessine à l’écran une figure de plus en plus humaine qui fait exploser son amour de la vie, non sans quelques coquetteries satanistes distillées comme autant de concessions philosophiques. On pensait découvrir un style à travers un homme et on se retrouve avec un … homme comme tous les hommes. Cette universalité ( banale) fait toute la force du documentaire puisque derrière le discours communautaire attendu ou espéré, on en vient vite à un simple et déroutant monologue traversé par les épreuves de la vie. Le montage est délicat et sensible et c’est une musique « ambient »  à souhait qui accompagne le film, sans que jamais je ne puisse entendre du Behemoth. 

En choisissant, pour cette première, la douce radicalité de cette confession tout en clair-obscur, obscurs Phénomènes donne le « la » de sa future politique : surprendre, étonner mais jamais conforter les attentes convenues. J’attends beaucoup des prochaines initiatives de l’association parce que je pressens qu’elles sauront me séduire et qui sait, me faire apprécier un style musical qui m’échappe encore. Mais avec des passionnés aussi exigeants, nul doute. Je ne finirai peut-être pas en pls au Hellfest mais déjà j’écoute du Behemoth. Qu’on se le dise : la passion se transmet par …des passionnés.

Après le Lux, un petit détour par le Camino, histoire de renouer avec l’esprit 100 pour cent « live » de Mad Brains. La cruelle concurrence de cette première soirée d’été explique en partie la désaffection publique de la petite salle et c’est le cœur triste que j’assiste, un peu seul, à la jam session flamboyante entre Nico.B et BNMC, suivie de la non moins provocante confrontation entre Weiser et Mentrat Noihr. Le public n’est pas là, qu’à cela ne tienne, ils se donnent comme jamais et en profitent pour tester et assurer des collaborations flamboyantes. Espérons les retrouver très vite sur une scène à la hauteur de leurs enjeux musicaux. 

À propos de passion et de passionné(e)s, un peu de promotion avec la stimulante émission hebdomadaire de Mad Brains sur radio Phénix ( https://phenix.fm/emissions/m-a-d-brains/ ) J’ai le grand plaisir, depuis quelques mois, de rejoindre cette équipe de « grosses têtes » et lundi prochain, ce sont « mes » artistes que j’aurai la joie de défendre : les ukrainiens ARTBAT. Alors si vous ne connaissez pas, lundi soir, à 20h, vous savez ce qu’il vous reste à faire !

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