Comme une éclaircie ….

Ce début de février 2022 porte en lui toutes les contradictions que nous connaissons depuis deux ans. On traque et espère les signes de reprise tout en restant plongé dans une morne torpeur d’un début de vacances d’hiver. Pourtant, ça et là surgissent quelques annonces qui indiquent un frémissement voire une ruée vers les starting-blocks !

Du théâtre, encore et toujours ?

Fragile rescapé des restrictions sanitaires, le théâtre survit et parfois, aux avant-postes, nous rappelle qu’il maintient la petite flamme culturelle. Depuis hier le festival En attendant l’éclaircie ( et son titre plus prophétique que jamais ) nous propose de renouer avec la découverte de jeunes aventures théâtrales régionales et dresse, en quelque sorte, une sorte d’état des lieux de la création dramatique normande. Constant dans ma « traque » locale des artistes qui aboient ( cave Caenem oblige), c’est avec enthousiasme que j’ai assisté hier soir aux deux premières représentations proposées par la Cité-Théâtre et son directeur artistique Olivier Lopez. 

Un savant équilibre entre projet en cours de création ( maquette) et création, un parcours complice entre deux salles de spectacles voisines ( la Cité Théâtre et le Studio 24) installent le spectateur dans une réelle logique de festival sans temps mort mais aussi, contraintes sanitaires, sans bar ! À 19 h place à La Réalité, une maquette de la compagnie Dodeka. Une grosse demi-heure durant laquelle on assiste  à un tchat vidéo entre deux sœurs jumelles et où se dessinera une étrange complicité avec la mort. Un seul en scène donc, une performance sensible de la comédienne et metteuse en scène Romina Villar et qui se conclut par un efficace « cliffhanger » qui invite à en savoir plus. Un réalisme basique ( canapé et bouilloire électrique qui glougloute) donne le cadre à cette « première ébauche de spectacle » qui s’entend un peu trop encore comme une dramatique radio mais qui gagnera certainement en pertinence.

Direction la salle voisine pour la création de Désintégrations, une proposition du collectif Asymptomatique. Dans la deuxième création de ce collectif on retrouve le charme et les fragilités de leur premier acte créatif . Au rayon Charme l’indiscutable énergie du quatuor et cette volonté affirmée d’interroger encore et toujours les codes de la comédie bourgeoise ( du théâtre de boulevard ?) dans un scénario qui inscrit d’emblée le spectateur dans une proximité complice. Langue crue et prosaïque, situation convenue ( quatre jeunes gens qui se retrouvent dans un même lieu de villégiature) et le petit grain de sable dramatique qui vient faire « théâtre » : le deuil d’un ami….Tout est donc en place pour que se déroule l’implacable huis clos du reproche, de l’addiction ( à l’amour, à l’amitié, à la mort elle-même …). Une scansion des jours accompagne la lente et parfois prévisible montée des tensions alors que pour nous, dans la salle, se dessine lentement le scénario qui explique et justifie cette crise. On est un peu entre le théâtre sartrien, tendance « L’enfer c’est les autres » et la Ligue d’improvisation qui serait ici dirigée par le spleen cafardeux d’un Houellebecq. 

Au rayon Fragilités ce jeu perturbant et permanent entre la salle et la scène sans que l’on ne parvienne réellement à comprendre la dynamique dramatique du procédé. Selon les scènes et l’expressivité réaliste du jeu des comédiens, le spectateur est plongé dans les vieux ressorts du quatrième mur, cette antique convention qui veut que nous sommes les voyeurs d’un drame qui se joue derrière un mur transparent ( et qui renforce l’impression du huis clos). Mais les acteurs ( et concepteurs du collectif) n’hésitent pas à dynamiter ce mur virtuel en adressant au public des apartés jusqu’à cette troublante invitation envoyée de la salle vers la régie technique pour balancer un son. L’aparté ( version Jacqueline Maillan ) reste l’un des procédés les plus efficace du Boulevard mais ce code culturel, décliné ici jusqu’à plus soif, brouille la progression de la montée dramatique et oblige les comédiens à un jeu distancié qui bloque leur désir d’incarner véritablement sous nos yeux des personnages qu’ils ont pourtant créés de toute pièce ! La mise à distance permanente que cela occasionne entre nous et la scène est certainement une des marques de fabrique du collectif Asymptomatique mais il me semble qu’il faudra radicaliser ce grand écart entre réalisme et maniérisme formel au risque de plonger les comédiens eux-mêmes dans une schizophrénie esthétique nocive à la générosité sincère de leur intention initiale. 

En attendant le feu d’artifice….

Un coup sur mes événements facebook à venir et c’est …l’explosion ! Dès le 17 février je ne saurai plus où donner de la tête avec la reprise des mini-concerts dans les bars, la réouverture des clubs ( pourquoi mettre ici un pluriel ?) et les annonces de la sortie de veille des principaux collectifs, Mad Brains à la Garsouille le 18, une Geekparty quelque part, une soirée Warehouse au No Limit, j’en passe et peut-être des meilleurs et tout cela…le week-end de mon anniversaire ! 

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