Le Portobello  : on y va par nécessité, on y revient par envie ?

Hier soir la soirée Mad Brains au Portobello ( une première du genre ) était pour moi l’occasion, en creux de réfléchir un peu ( ça m’arrive) sur la situation « electro » caennaise. Dans la désormais vaste écurie artistique gérée par Mad Brains, on retrouvait donc l’inoxydable Fred H et l’audacieux et amical challenger Vince Vega, la promesse d’une soirée house de haute tenue. Est-ce la période des vœux, mon retour de Berlin ou mon indécision, la veille, à choisir entre le Camino et le Trappist ( deux propositions qui s’inscrivent dans la kyrielle d’animations electro qui envahissent le paysage caennais) mais il me semble que la scène musicale locale souffre depuis quelques temps d’un faux-plat qui risque, à moyen terme, de la rendre moins attractive. 

Dans un aller-retour aussi désinvolte qu’efficace, Fred H et Vince Vega alternent les passages derrière les platines et installent, tout au long de la soirée un réel esprit « club », de plus en plus affirmé avec une sonorité un peu Chill au départ qui débouchera sur des envolées rythmiques parfaites, à l’image de ce Let me show your love de Romanthony qui, quelques minutes avant la fin, résonnait plus que jamais comme une injonction presque politique : montrer son amour ….ou périr ?

Comme la plus belle fille qui ne peut jamais donner que ce qu’elle a, le Portobello est et reste un lieu « généraliste » et s’il se retrouve de fait dans la position d’un refuge ultime aux musiques que l’on aime, il n’en distille pas moins la routine un peu besogneuse d’un bar à bière et à ( toutes les ) musique(s). Le Portobello n’est pas un club electro et son souci prioritaire ne consiste pas à construire un public d’ AMATEURS. On vient y consommer un esprit festif, dans un cadre bon enfant et accueillant mais la folie d’un club electro n’y aura jamais sa place tout simplement parce que ce n’est pas dans son ADN initial. Hier soir, cette impossibilité m’a sauté aux yeux, sans qu’il puisse y avoir de coupables. Transposée dans un véritable club, la double prestation de Fred H et de Vince Vega aurait transporté la foule dans une euphorie. Je n’ai pas de goût pour la nostalgie et même si je regrette ( parfois) l’Icône, je sais qu’il faut aller de l’avant et penser les solutions de demain aux questions d’aujourd’hui. Si la scène electro caennaise n’entend pas être reléguée à une troisième division ( un classement que la qualité de ses artistes rendrait incompréhensible) il faut impérativement que cette scène ( avec l’intégralité de ses acteurs) se rende compte de l’urgence  à imaginer un CLUB digne de ce nom. Des prières enflammées n’y suffiront pas mais à courir le « cacheton » de bar en bar, le risque est grand de diluer les forces réelles au lieu de les concentrer. Hier soir encore, de nombreux ami(e)s de soirée me faisaient plus ou moins la même réflexion. La solution réside certainement dans une salle gérée de manière associative, avec l’aide financière de collectivités qui ne pourront que percevoir la nécessité de canaliser cette énergie créative et festive. Il faut pour cela une parole forte et concertée de la part des collectifs ( et des artistes ) et plus encore une réécriture des formats et des propositions musicales qui doivent répondre à une véritable injonction artistique et politique. La douloureuse pause du Covid ne pourra pas longtemps encore fonctionner comme une excuse à l’inertie, pour ma part je pense qu’il y a urgence. Le « ronron » actuel, s’il se maintenait, ne profiterait qu’à ceux …. qui en profitent déjà, mais pas aux artistes !

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