En attendant la rentrée, on entretient le feu sacré …

Même avant la crise sanitaire, il faut bien avouer que les mois de juilllet-août à Caen ne brillaient pas par leur frénésie festive ou musicale. C’était un peu comme une pénible et nécessaire période de jachère avant la rentrée, une période durant laquelle les artistes et les collectifs en profitaient pour se reposer, se retrouver ….Mais c’était avant la crise ! Après plus d’un an et demi de repos forcé, de fermeture et de silence, on assiste à un léger frémissement d’activités « electro » avec, ça et là, des initiatives qui viennent un peu secouer l’atonie estivale caennaise.

Lajava, une équipe à suivre…

Loin de Caen à ce moment-là, je n’ai pas pu découvrir l’heureuse initiative de Lajava qui, le 22 juillet dernier, investissait la cour de l’hôtel d’Escoville avec son Opencloze 3. On sent que cette équipe a de hautes ambitions dans son volonté d’investir et d’animer nos nuits et qu’elle entend bien y mettre tout son professionnalisme. Une ligne artistique très claire se dégage qui mêle à la fois une haute exigence musicale et une volonté très nette de proposer une « soirée complète » où se conjugue raffinement visuel, esthétique et ludique. Les photos de cette soirée sont plus qu’alléchantes et nous forcent à penser que Lajava n’entend pas se contenter d’une troisième place dans la nouvelle donne des animateurs de nos nuits électroniques.

Le No Limit : et s’il n’en restait qu’un ?

Dans quel état retrouverons nous la nuit caennaise à la rentrée ? C’est un peu la question (taboue ?) sur toutes les lèvres de celles et ceux qui, acteurs ou consommateurs occasionnels ou frénétiques, animent et dynamisent la scène musicale de notre ville. On parle de fermeture de lieux, de réouverture problématique, de passe sanitaire, bref de toute une série de nouvelles qui fragilisent encore plus le monde de la nuit. On ne peut donc que se réjouir de voir que le No Limit, dans un contexte très tendu en raison des impératifs sanitaires et de la morne saison, ouvre à nouveau ses portes et maintient, fébrilement l’illusion du clubbing. Samedi dernier, après avoir présenté les attestations de rigueur, je retrouve donc ce club, presque comme avant ! Aux platines des djs que je ne connais pas et dans la salle une petite poignée de jeunes (très jeunes) qui semblent presque étonnés de se retrouver là ! Le style musical, « dark » et presque hivernal ne coïncide pas avec mes attentes mais c’est une expérience tellement troublante que de se retrouver ainsi dans un espace dont on pensait être privé à tout jamais que loin de tout esprit critique je m’abandonne, pour un temps, à cette étrange immersion.

Le feu sacré de Mad brains….

Pour finir juillet, on se retrouvait à l’Ecto bar le 30, histoire de voir un peu ce qui se cache derrière le Summer tour concocté par Mad Brains. Un peu à l’étroit dans l’accueillant bar de la rue Écuyère, on se plaît à retrouver une partie de ce monde « electro ». Vince Vega pour ouvrir les festivités suivi d’Ottobass avant le final de Fred H. Une affiche bien rodée qui alterne entre pépites « House » et mise en bouche musicale. Le lieu se prête peu à d’éventuelles folies chorégraphiques et j’ai déjà eu l’occasion de dire à quel point je souffre parfois pour les artistes qui, dans les bars, se retrouvent à fournir un fond sonore faute d’une écoute complice. Je suis surpris et étonné de voir à quel point le chaland retombe si vite dans la banalité de ses habitudes alors qu’il devrait presque s’extasier de voir qu’une telle proposition musicale est à nouveau possible. En tout cas l’énergie des trois djs fait plaisir à voir ( et surtout à entendre). Ce petit tour de « chauffe » de l’équipe Mad Brains est bienvenu, et laisse espérer une montée en puissance pour cet automne.

Quand Fred H, notre éternel Prométhée enflamme le Trappist ….

Samedi soir, c’est au Trappist que je souhaitais me rendre, histoire de retrouver ce bar qui, sagement, avait préféré mettre en veilleuse ses animations musicales plutôt que de s’embarquer dans de discutables propositions. 

Pour honorer dignement le seul et unique artiste de la soirée, c’est l’espace du fond qui devient l’antre « officielle » de notre Prométhée de la House. Dans la rue,  respectueux de la réglementation,  les clients sont là et ils sont pourtant nombreux à ne même pas se douter de l’ambiance électrique qui s’installe au fond du bar. Figure titanesque de la nuit caennaise, Fred H y trône derrière ses deux platines et c’est avec la modestie roublarde d’un Dieu sûr de sa force qu’il enchaîne des pistes où dominera la sonorité nostalgique d’un orgue electro (style Hammond) passée à la moulinette d’une forêt tropicale peuplée de cris de singes. Il serait indécent de Shazamer les pistes diffusées et peut-être trouvera t’il le temps de me donner ce titre où l’on entendait une voix nous crier « If You wanna fuck, I wanna fuck… » diffusé en fin de soirée, mais derrière l’invitation sensuelle (sexuelle) à baiser, on sentait que Fred H, peut-être plus que jamais voulait nous rappeler que c’est dans cette orgie de vie, dans cette invitation impudique et sensuelle à la fête que se niche la force même de son feu sacré. L’amitié et l’estime envers cet artiste devait peut-être me forcer à moins d’éloges mais parvenir, avec masques et protocoles sanitaires, à renverser ainsi une salle et faire monter, inexorablement la tension jusqu’à ce que le public ne puisse faire autrement que de se …lâcher, n’est-ce pas là la signature des plus grands ? 

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